Nombres Introduction - CHU

Le titre qu’a donné à ce livre la tradition hébraïque ­ Ba-midbar, Au désert ­ n’est pas, comme dans le cas des autres livres du Pentateuque, tiré des premiers mots du texte. Il se trouve dans la deuxième partie de son premier verset, et il résume bien le contenu de l’ouvrage, principalement centré sur les pérégrinations des Hébreux dans la péninsule sinaïtique. Dans la traduction grecque des Septante, comme dans la Vulgate latine, il a reçu le titre de Nombres, en raison des multiples chiffres cités en divers endroits (1,20-46; 3,14-51, etc.).

Ce livre relate, en fait, l’histoire du peuple hébreu dans le désert depuis le premier jour du deuxième mois de la deuxième année après la sortie de Misraîm (Égypte) jusqu’à la mort d’Aarôn, trente-huit ans plus tard. Dans le cours du récit sont intercalés des groupes de lois censément promulguées durant cette période. Le livre, toutefois, se distingue du Lévitique en ce qu’il est une histoire plutôt qu’une législation. Les lois qui y sont insérées n’y figurent qu’à titre de complément de celles qui se trouvent dans l’Exode et le Lévitique au sujet des sacrifices, de la pureté et de la contamination, des offrandes dues au sanctuaire. Dans bien des cas, l’ouvrage se réfère explicitement à ceux qui le précèdent.

Si l’histoire en est le trait dominant, son manque d’unité est tel qu’il semble impossible d’en établir un plan bien ordonné, sinon en recourant à une division chronologique d’ailleurs peu apparente dans le récit lui-même.

Celui-ci est émaillé de l’évocation de plusieurs révoltes ou tentatives de révolte, qui vaudront finalement au peuple sorti de Misraîm de mourir dans le désert. Seuls ses descendants pénétreront en Terre Promise. Ainsi se sera formé un peuple nouveau, de même qu’une classe neuve de dirigeants, les kohanîm et les léviîm, consacrés au service de IHVH-Adonaï, responsables de l’éducation et de la consécration de leur peuple.

Au milieu de tous ces événements, la personnalité de Moshè se dégage et s’affirme avec une précision toujours plus grande; ses qualités de chef s’y manifestent autant que sa grandeur d’âme et son humilité. Le peuple, libéré des servitudes de l’exil, fortifié par son errance, instruit par des révoltes sévèrement châtiées, est rendu à lui-même. Moshè peut mourir. Israël est prêt à suivre Iehoshoua‘ (Josué) pour s’élancer sous sa direction à la conquête au pays que IHVH-Adonaï a promis à Abrahâm. Il peut affronter les dures réalités de son histoire nouvelle. Une ultime possibilité lui est donnée d’y accomplir le grand dessein de sa libération et de son salut.

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