Galates Introduction - CHU

La lettre aux Galates, avec six chapitres et 149 versets, est la troisième en date des lettres de Paul (vers 55/57) ; elle constitue un des documents les plus significatifs de la manière de « l’apôtre des Gentils » et des plus révélateurs de la naissance de l’Église. Son influence a été grande dans l’histoire de la chrétienté qui la range, malgré sa relative brièveté, à la suite immédiate des lettres aux Romains et aux Corinthiens ; elle sert d’arme principale dans tous les débats en faveur de la liberté de l’esprit contre les lourdeurs de tous les légalismes.

L’adresse (1,1-10), relativement longue et solennelle, insiste sur l’autorité divine de la mission de Paul. Les destinataires se voient reprocher dès le début leur abandon de l’annonce de Iéshoua‘ à la suite de calomnies lancées contre Paul. La lettre que celui-ci leur écrit a pour objet de les ramener à leur vocation, de prouver l’authenticité de l’annonce nouvelle et d’établir l’autorité de Paul, envoyé du messie.

I. Dans son introduction, Paul avait déjà amorcé la défense de son autorité apostolique (1,6-10) : il poursuit son plaidoyer « pro domo » (1,11-2,21) en affirmant que la condition apostolique qui est la sienne ne doit rien aux hommes mais tout à IHVH-Adonaï. La question débattue ici encore est celle de savoir dans quelle mesure les païens convertis à la foi messianique nouvelle seront tenus à l’observance des misvot. Ce problème se posait non seulement à l’Église chrétienne naissante, mais à toutes les écoles et à toutes les sectes d’Israël. Si la Tora est révélée par IHVH-Adonaï, comment y adhérer sans en suivre les commandements ? Suivant une tradition pharisienne, Paul proclame la liberté des prosélytes : ils ne sont pas obligés de se soumettre à toutes les obligations rituelles des Hébreux.

II. Sa thèse étant ainsi définie, Paul s’emploie à en démontrer l’inébranlable solidité (3,1-4,31). Ce n’est pas l’observance des misvot qui sauve, mais l’adhérence de l’homme à IHVH-Adonaï, à sa Tora, à son messie. Une première preuve en est donnée par les manifestations charismatiques consécutives à la conversion des Galates (3,1-5).

Vient alors la démonstration scripturaire de l’argument (3,6-14). L’histoire d’Abrahâm prouve que la foi procure aux païens de naissance la plénitude des bénédictions divines. Suit l’argument juridique du testament (3,15-18) et la définition de la nature de la misva qui est un moyen d’accéder à la perfection et non une fin en soi.

Le thème de la liberté messianique peut alors se développer, que Paul illustre par l’exemple des deux femmes d’Abrahâm (4,1-31). La dernière partie de la lettre est consacrée aux implications éthiques de ce message (5,1-6,10). Enfermer la communauté messianique nouvelle sous le joug de la misva, fût-elle l’abrahamique circoncision, serait amoindrir l’universalité du message.

La conclusion, écrite de la main de Paul, qui jusqu’ici avait dicté sa lettre revient sur le rejet des propagandistes qui veulent imposer la circoncision aux païens convertis.

Avant d’ultimes salutations, Paul évoque la trace sur son corps des stigmates de Iéshoua‘ (6,11-18).

La critique s’évertue à cerner l’identité des adversaires de Paul en Galatie : les commentateurs voient généralement en eux des « judaïsants » s’opposant aux développements d’une doctrine nouvelle, celle de l’Église naissante. Cette perspective simplifie à l’extrême les données d’un problème autrement complexe. Parler à l’époque de « judaïsme » comme de la réalité monolithique qui deviendra la sienne au cours des siècles n’a, à vrai dire, aucun sens, compte tenu de l’extrême diversité des tendances non seulement des sectes diverses mais, à l’intérieur de chaque secte, des écoles différentes.

Au sein de la communauté nouvelle, Pierre et Paul avaient des opinions fort différentes sur la place à donner à la « loi » dans l’Église. Paul lui-même, en la matière, a une pensée fort nuancée dont la subtilité échappe souvent aux analystes. En fait, la Tora est pour tous la parole de IHVH-Adonaï et nous assistons à Jérusalem, à Antioche, en Galatie à l’effort de pensée qui permettrait l’entrée des païens au sein du peuple de IHVH-Adonaï, sans que l’observance des misvot fasse obstacle à leur conversion. À ce problème théologique, Paul apporte la réponse la plus complète et la plus élaborée qui soit en voyant dans le messie le fondement de l’unité entre païens et Hébreux.

La lettre aux Galates constitue ainsi un document de première importance, écrit par le principal agent de l’établissement de l’Église hors de Terre sainte, en territoires hellénistiques et romains. En dehors de sa valeur historique, elle constitue un témoignage inappréciable pour pénétrer dans l’intimité de la vie, de la pensée et de la psychologie de l’apôtre des Gentils, illuminé par son appel prophétique et messianique.