Jacques Introduction - AMI

Cette épître et les suivantes sont souvent appelées épîtres catholiques parce qu’à la différence de celles de saint Paul, elles ne s’adressent pas à un groupe limité ou à un destinataire unique, mais à des ensembles beaucoup plus vastes : Jacques I, 1 ; I Pierre I, 1 ; ou parce que les formules initiales sont très générales : II Pierre, I Jean : les deux petites épîtres de saint Jean, plus particulières, ont été placées tout naturellement à la suite de la première.
L’épître de saint Jacques a été utilisée de bonne heure, par saint Clément de Rome, le Pasteur d’Hermas, saint Irénée. L’attribution à Jacques est explicite au milieu du IIIe siècle, avec Origène. L’épître est universellement reconnue comme faisant partie de l’Écriture à partir du IVe siècle ; auparavant il y a en Occident quelques hésitations, provoquées par les doutes sur la personne de l’auteur.
On reconnaît généralement que celui-ci est Jacques, « frère du Seigneur » (Galates I, 19), premier évêque de Jérusalem, particulièrement vénéré de l’antiquité chrétienne (Galates II, 9-12 ; Actes XII, 17 ; XV, 7-21 ; XXI, 18), et martyrisé en 62 selon l’historien Josèphe (Antiquités judaïques, XX, IX, 1). Tout, en effet, dans l’épître, pensée, ton, couleur du style, dénote un auteur d’origine juive s’adressant à des chrétiens venus du judaïsme. Mais doit-on voir en lui un des douze apôtres ou seulement un disciple ? La question demeure très controversée. Nous estimons plus probable, surtout à cause de Galaltes I, 19, que Jacques était apôtre et qu’il faut l’identifier avec Jacques le Mineur, autrement dit Jacques, fils d’Alphée : Matthieu X, 3 ; XIII, 55 ; Marc, VI, 3 ; XV, 40. Le degré précis de sa parenté avec le Sauveur est difficile à déterminer ; plusieurs hypothèses ont été proposées. Mais il est certain que l’expression de « frère du Seigneur » signifie cousin ; voir la note sur Matthieu XIII, 55.
La date de l’épître fait pareillement l’objet de discussions. Beaucoup d’interprètes, estimant qu’elle a été influencée par les épîtres de saint Paul et qu’elle suppose les judéo-chrétiens répandus sur une aire géographique trop vaste pour une époque primitive, la placent peu de temps avant le martyre de l’auteur. C’est méconnaître qu’il y a eu de très bonne heure des judéo-chrétiens à Damas, en Phénicie, à Antioche et à Chypre : Actes IX 1-2 ; XI, 19, 22 ; XV, 1 suiv. D’autre part, la dépendance à l’égard de saint Paul n’est aucunement prouvée : aucune allusion aux troubles provoqués par la question des observances mosaïques. Enfin l’épître a un caractère archaïque très marqué ; la christologie n’est pas développée ; le fond et la forme sont apparentés aux livres sapientiaux et plus encore au discours sur la montagne, mais à ce qu’il semble, sans en dépendre littéralement. Il s’agirait donc d’un écrit issu du milieu palestinien antérieur aux Évangiles synoptiques et aux épîtres pauliniennes, et adressé aux églises judéo-chrétiennes extérieures à la Palestine ; on peut avec une probabilité sérieuse en placer la composition entre 45 et 50, avant la controverse judaïsante et l’assemblée de Jérusalem. Le grec de l’épître, qui est le meilleur du Nouveau Testament, étonne un peu de la part d’un auteur juif ; Jacques aura utilisé l’aide d’un rédacteur dont le grec était la langue maternelle.