Josué Introduction - AMI

Dieu avait promis aux siens de leur livrer le pays de Chanaan ; le présent ouvrage raconte comment, de toutes ses promesses, il n’y en eut « aucune qui demeurât sans effet ; mais tout fut accompli très exactement » (XXI, 43). Josué fut le héros de la conquête, et c’est pourquoi ce livre porte son nom. Mais il n’en est pas l’auteur : les trois parties principales ont utilisé diverses sources, très anciennes, sinon parfois contemporaines des événements. On distingue en effet :
1° La conquête (I – XII) : préparatifs religieux et militaires, passage miraculeux du Jourdain, campagnes du centre, du sud et du nord. Dans cette partie (X, 1 – XI, 9) est peut-être une tradition spéciale, utilisée aussi par le Livre des Juges. Ces documents étaient déjà fusionnés au Xe siècle avant Jésus-Christ.
2° Le partage de la terre promise (XIII – XXI) où abondent les détails topographiques, a utilisé des listes de villes existant au moins au XIe siècle, avant le règne de David.
3° L’épilogue (XXII – XXIV) raconte le retour dans leurs lots des clans de Transjordane, le dernier discours de Josué et la convocation des tribus à Sichem : cet épisode semble avoir utilisé une ancienne tradition sichémite.
Ces diverses traditions, qui invoquent en témoignage des faits incontestables « jusqu’à aujourd’hui », garantissent donc la valeur historique de l’ouvrage ; sans doute ne reçut-il sa forme actuelle, d’un auteur sacré inconnu, qu’à la fin du XIIIe siècle, à l’époque du roi Ézéchias, qui fut marquée par une assez grande activité littéraire.
Le rôle de Josué fut capital pour l’installation d’Israël en Chanaan. On était dans la deuxième moitié du XIIIe siècle ; les conjonctures historiques étaient favorables à la conquête : l’empire hittite est en train de s’éffondrer, l’Égypte demeure en sommeil, Chanaan est morcelé en nombreuses principautés. Par un coup de maître, Josué, choisissant l’itinéraire le plus ardu, prend Jéricho, conclut une alliance avec les Hourrites de Gabaon, et occupe rapidement la Palestine centrale. La renommée qu’il y gagne explique que le renouvellement de l’alliance à Sichem semble bien avoir été suivi d’une fédération des envahisseurs avec quelques groupes israélites déjà présents en Galilée (ce serait la cérémonie rapportée par le chapitre XXIV). Les princes locaux se concertent trop tard et ne savent pas synchroniser leurs efforts ; leurs ligues sont vaincues au sud, puis au nord.
L’ouvrage insinue néanmoins que tout n’est pas acquis, le Livre des Juges (I) montrera la précarité de l’occupation, et le partage du pays n’est encore qu’une répartition de zones d’influence. Mais, si le Livre de Josué insiste sur les réalisations, s’il rapporte soigneusement les faits miraculeux, c’est pour souligner la fidélité de Dieu à ses promesses. C’est grâce à lui, en dernière analyse, que les Hébreux se trouvent en terre promise, et le lot de chaque tribu en revêt quelque chose de sacré. Par conséquent, le peuple doit être fidèle à la loi divine et se tenir soigneusement séparé des païens, voués à l’extermination (XXIII). Le Livre des Juges complétera cette leçon, en montrant quels châtiments devait entraîner l’infidélité.