Amos Introduction - AMI

Le règne de Jéroboam II (783-743) marque l’apogée du royaume du Nord. Mais, dans la paix et la prospérité générales, se développent, comme au temps de Salomon, la perversion religieuse, la corruption morale et l’injustice sociale : cette portion majeure du peuple élu marche en fait vers la ruine. Pour tenter de les retenir sur la pente, Dieu leur envoie Amos, de la tribu de Juda demeurée fidèle au roi davidique.
Originaire de Tékoa, à quelques kilomètres au sud de Bethléem, il est berger, comme autrefois David, le grand héros de la région ; il vit de ces souvenirs glorieux ; observateur et poète à son insu, il sait apprécier les événements à la lumière de sa foi ; dans le désert et la solitude, il entend l’appel divin. Fidèle à sa mission, il part pour le royaume du Nord. Il y constate la corruption et le luxe, les splendeurs qui reposent sur les injustices sociales, l’oppression des humbles, le déni de justice à l’égard des pauvres. Aussi est-ce avec toute son ardeur de paysan scandalisé qu’il proclame la colère divine et annonce les châtiments nécessaires. Cette action énergique lui vaut d’être expulsé du royaume sur l’initiative d’Amasias, grand prêtre de Béthel. Peut-être Amos continua-t-il de prophétiser quelque temps après 743, s’il est vrai que le chapitre VI comporte des allusions aux premières campagnes de Téglath-Phalasar III.
Il est impossible de déterminer dans quel ordre furent prononcés les oracles du livre d’Amos ; ils y sont groupés en trois parties : I – II, châtiments décrétés contre Israël et les royaumes voisins ; III – VI, discours de menaces contre Israël ; VII – IX, visions annonçant le jugement et s’achevant dans une perspective de restauration ; il faut en excepter VII, 10-17, notice biographique rapportant les démêlés d’Amos avec le grand prêtre Amasias.
Cet ouvrage, rédigé dans une langue claire, puissante et pure, peint au vif, dans ses détails les plus pittoresques, la situation religieuse et sociale du royaume du Nord. Amos est chargé de rappeler les exigences du Dieu unique et créateur, qui hait l’injustice où qu’elle soit ; c’est pourquoi le Seigneur sévira, non seulement contre les royaumes d’Israël et de Juda, qui méprisent les faveurs divines et pratiquent l’idolâtrie, mais encore contre les nations païennes, qui violent la loi naturelle (I – II). En ce qui concerne plus spécialement Israël, le châtiment annoncé sera la visite de Dieu à son peuple, qui ne veut pas revenir à lui ni se réformer (IV) ; cette visite, ou « jour de Yahweh » sera terrible ; rien ne pourra l’empêcher, et les coupables partiront pour l’exil. Cependant (IX, 7-15) la dernière vision laisse entrevoir la restauration future ; c’est une expression brève encore de l’espérance messianique ; mais elle précise déjà quelques éléments qui deviendront traditionnels : l’extermination des pécheurs, la subsistance d’un petit reste, la restauration du royaume de David où les douze tribus se trouveront réconciliées, enfin une grande félicité, qui ne connaîtra pas de fin.