Le nom de Deutéronome (deuxième loi) convient bien à cet écrit, qui ne veut rien innover, mais reprendre et adapter la législation antérieure de Moïse.
Sa partie essentielle (XII – XXVI) est en effet un véritable code, mais constitué à peu près uniquement par des discours. Ce sont des lois soit religieuses, visant au maintien du monothéisme, soit sociales, ayant pour but d’assurer l’ordre dans la vie nationale d’Israël. Elles représentent les prescriptions antérieures, tantôt les répétant, tantôt les développant, les précisant, en faisant l’application à des cas nouveaux mais toujours en vue de l’état social qui fut celui d’Israël devenu sédentaire aux pays de Chanaan : ainsi se trouvent envisagés la royauté, les tribunaux stables, la propriété foncière, etc.
A ce code, des discours parénétiques servent de cadre : Les chapitres I – IX rappellent aux Hébreux les exigences divines et la base historique de leurs obligations : les bienfaits et les pardons divins. Les chapitres XXVII – XXX prescrivent le renouvellement de l’alliance à Sichem, énumèrent les bénédictions et les malédictions qui sanctionneront la fidélité ou la désobéissance, et se terminent en une solennelle exhortation à cette fidélité fondamentale.
Des appendices (XXXI – XXXIV) relatent la désignation de Josué comme nouveau chef d’Israël, les derniers jours de Moïse, son cantique et sa grande bénédiction prophétique qui s’achève sur une perspective messianique.
Le Deutéronome se distingue des autres livres de Moïse par sa forme littéraire et par son esprit, qui font d’ailleurs son unité. Le genre oratoire et l’onction insinuante qui le caractérisent s’expliquent d’ailleurs par son esprit : contre le péril si redoutable de l’idolâtrie, il insiste sur l’unicité de Dieu (d’où les lois exigeant par exemple l’unicité du sanctuaire) ; mais, si Yahweh est le Dieu unique, il est aussi le Dieu particulier d’Israël, en vertu d’un choix d’amour que prouvent les événements passés. Par suite, il faut l’honorer, non seulement extérieurement par le culte, mais par des actes intérieurs : la crainte (nous dirions le respect religieux) et l’amour qui se traduit en obéissance et reste toujours possible, même après une faute (voir V, 6-10 où s’esquisse déjà l’image de Dieu époux d’Israël qui évoque le livre d’Osée). C’est la note fondamentale du Deutéronome
Ces notions en pénètrent la législation sociale, qui, sans renier la conception stricte de la justice, a plus qu’ailleurs un caractère d’humanité, et même de fraternité : car Yahweh est un père pour Israël.
La profondeur de la doctrine et la beauté du style légitiment l’influence que devait exercer cet ouvrage sur la suite de la littérature sacrée. Certes, il demeure étroitement nationaliste, la rétribution qu’il représente est encore matérielle et collective ; mais les principes qu’il pose, en passant au plan individuel, ont de quoi s’universaliser et préparent l’avènement de la loi d’amour.