Osée Introduction - AMI

On connaît peu de détails certains de sa vie. Né dans le royaume du Nord, il commença de prophétiser à la fin du règne glorieux de Jéroboam II (783-743), période de prospérité, mais aussi d’injustice et de corruption, stigmatisées par Amos. Puis le Prophète connut l’époque troublée qui suivit, la remontée rapide de la puissance assyrienne et sa menace grandissante ; s’il ne semble pas avoir assisté à la ruine définitive de Samarie sous les coups de Téglath-Phalasar III (cf. Introduction à IV Rois), du moins a-t-il vu sa patrie se précipiter dans le malheur.
Sans doute faut-il attribuer à ces événements le désordre et même certaines mutilations, que l’on constate dans son œuvre. On y distingue deux chapitres biographiques (I, III) et des morceaux poétiques (I, IV – XIV) ; il est possible que le chapitre II ait eu pendant quelque temps une existence indépendante, avant d’occuper sa place actuelle.
Les passages biographiques racontent les malheurs domestiques d’Osée; sa femme, Gomer, lui est infidèle et lui donne trois enfants adultérins ; après l’avoir répudiée, il reçoit l’ordre de la reprendre et de la racheter de ses infidélités. Sont-ce là faits réels, comme le croyaient saint Augustin et saint Thomas, ou seulement une allégorie, comme le prétendait saint Jérôme ? Sur cette question, toujours débattue, on ne peut se prononcer, mais quelle que soit la solution, les faits rapportés ont une portée symbolique certaine. Le mariage d’Osée représente l’union de Dieu avec son peuple ; Israël est infidèle depuis ses origines et mérite le nom d’adultère ou de prostituée ; aussi le châtiment va l’atteindre, mais c’est un châtiment qu’inspire l’amour, car, par lui, Dieu entend convertir et rappeler l’infidèle ; Israël trouvera auprès du Seigneur un accueil miséricordieux, la réconciliation, une alliance nouvelle accompagnée des bénédictions divines.
Tel est d’ailleurs le beau commentaire qui constitue le chapitre II. Le reste du livre n’en est que le développement. Les crimes d’Israël sont d’ordre social et religieux ; mais, alors qu’Amos soulignait les premiers, Osée insiste davantage sur les désordres cultuels et religieux ; il recherche les responsabilités, prône l’isolement politique, seul garant du pur monothéisme, comme le fera peu de temps après Isaïe ; enfin il place son espoir dans la dynastie davidique que mettent en péril les rois schismatiques de Samarie.
Le châtiment du royaume du Nord est désormais inévitable ; Assur sera l’instrument de Dieu, mais celui-ci ne punit que par amour (voir par exemple le beau chapitre XI) : on peut très justement appeler Osée le prophète du Dieu aimant. C’est avec lui qu’apparaît pour la première fois l’image du mariage pour symboliser les relations de Dieu avec son peuple ; on sait quels échos elle devait trouver chez les Prophètes, dans le Cantique (cf. Introduction à ce livre) et jusque dans le Nouveau Testament. Le livre d’Osée met en lumière, dans un style émouvant et délicat, la tendresse de l’amour divin pour Israël, et, on le comprendra peu à peu, pour chaque âme en particulier.