Genèse Introduction - AMI

La Genèse ouvre la série des cinq premiers livres de la Bible, que les Grecs appellent Pentateuque (les cinq volumes) et les Juifs Torah (la Loi). Ce dernier titre exprime bien le thème général : à la faveur des événements, et malgré tous les obstacles, se réalise dans l’histoire un plan divin immuable, qui aboutit à faire d’Israël une nation par son installation en Palestine, et, mieux, le Peuple de Dieu, par la Loi mosaïque.
Ces cinq livres, embrassant l’histoire du monde depuis la création jusqu’à la fin du XIIIe siècle avant Jésus-Christ, ont pour auteur Moïse, qui vivait à cette époque. Celui-ci « pour composer son ouvrage, s’est servi de documents écrits ou de traditions orales... Il n’est plus personne aujourd’hui qui mette en doute l’existence de ces sources et n’admette un accroissement progressif des lois mosaïques, dû aux conditions sociales et religieuses des temps postérieurs, progression qui se manifeste aussi dans les récits historiques. » (Lettre de la Commission Biblique, du 16 janvier 1948, dans Documentation Catholique, 1948, col. 524).
Distinguer ces sources, ces modifications et additions postérieures, déterminer la date de ces divers éléments, exige le recours aux méthodes éprouvées de la critique textuelle et de la critique de genre. Ce faisant, on doit constater « la grande part et la profonde influence de Moïse comme auteur et comme législateur » (lot. cit., col 525).
La Genèse, comme l’indique son nom, raconte les origines du monde, de l’humanité et du peuple hébreu jusqu’à son installation en Égypte et à la mort de Joseph (vraisemblablement au XVIIe siècle avant Jésus-Christ).
Les chapitres I–XI « relatent en un langage simple et figuré, adapté aux intelligences d’une humanité moins développée, les vérités fondamentales présupposées à l’économie du salut, en même temps que la description populaire des origines du genre humain et du peule élu » (lot. cit., col 526) : l’univers est l’œuvre du Dieu unique, sage et tout-puissant (I, 1 – II, 3) ; l’homme est son chef-d’œuvre (II, 4-25). Par l’orgueil et la désobéissance, le mal entre dans le monde, avec toutes ses conséquences douloureuses ; mais à l’homme déchu, Dieu affirme son dessein rédempteur (III). Désormais se développent parallèlement les suites de la faute originelle et le plan divin de salut : l’histoire des Caïnites illustre les premières (IV) ; comme instruments du second, Dieu choisit les fils de Seth ; mais cette première race élue se laisse séduire par le péché (V, 1 – VI, 8) ; le Déluge est son châtiment exemplaire, mais Dieu assure le salut d’un petit reste fidèle (VI, 9 – VIII, 14). Il bénit Noé, chef de l’humanité régénérée et choisit en la personne de Sem une nouvelle race qu’il comblera de biens spirituels, auxquels tous les peuples sont appelés à participer (VIII, 15 – X, 32). La fidélité de Dieu à ses promesses repose sur sa miséricorde et sa toute-puissance : nul ne peut porter atteinte à ses prérogatives, lui seul demeure à jamais (XI).
Les chapitres suivants rapportent l’histoire des Patriarches sémites : Abraham (XII – XXV), Isaac (XXV – XXXV), Jacob et ses douze fils (XXXVII – L) ; certaines notices écourtées, comme celle d’Ismaël (XXV, 12-18) ou d’Ésaü (XXXVI) concernent des branches latérales qui n’interviennent plus qu’accidentellement dans le récit ; la perspective se rétrécit sans cesse jusqu’aux ancêtres immédiats d’Israël.
Les faits, très circonstanciés, mais personnels et souvent de minime importance pour l’histoire contemporaine, sont choisis et présentés avant tout comme un enseignement. Ils illustrent ce qu’on appelle la théologie de l’alliance : Dieu se prépare lentement un peuple qui, assisté par lui, devra garder, développer et transmettre la religion du salut. Les promesses faites aux Patriarches en esquissent quelques grands traits ; Dieu leur assure un bonheur conforme à leur développement intellectuel et culturel ; mais, sous peine de châtiments, il exige en retour certaines pratiques ou abstentions, l’obéissance, la fidélité, la foi.

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