Philémon Introduction - SAC

Cette lettre contient une prière que l’apôtre saint Paul fait à Philémon, son disciple, en faveur d’Onésime, son esclave, qui s’était enfui de sa maison après l’avoir volé. L’apôtre, pour obtenir ce pardon, emploie tout son crédit, toute son autorité, et toute son éloquence ; en effet, il n’y a rien de plus ingénieux que les motifs pressants dont il se sert pour y réussir : il commence, pour le toucher, par la qualité qu’il prend de prisonnier de Jésus-Christ, par celle qu’il donne à Philémon de son coopérateur dans la prédication de l’Évangile ; et, après l’avoir salué, lui, sa femme Appie, et tous les siens, il lui fait son éloge, qu’il tourne adroitement sous la forme de reconnaissance et d’action de grâces, pour sa charité envers tous les saints, pour l’édification et le bon exemple de tous ceux de sa maison, pour sa libéralité et les secours qu’il étend sur tous ceux qui sont affligés ; ce qui l’engage, ajoute-t-il, à se ressouvenir de lui dans toutes ses prières. Après cet exorde, il entre dans le sujet véritable de cette lettre ; il fait valoir la confiance où il est d’obtenir sa demande, qu’il établit sur la charité naturelle, et sur le propre intérêt de Philémon ; ne voulant donc pas se servir de l’autorité de son grand âge, ni du mérite de ses liens, il lui déclare que la prière qu’il lui fait n’est plus pour Onésime esclave, mais pour Onésime son cher fils, le fruit de ses liens, qui par sa conversion est devenu également utile à Philémon et à lui ; en sorte, dit-il, que je l’aurais volontiers retenu pour recevoir de lui les services que vous m’auriez voulu rendre vous-même, si vous eussiez été présent ; mais je n’ai pas cru, ajoute-t-il, le devoir faire sans votre consentement ; et, voulant diminuer la faute d’Onésime, il dit qu’il peut lui répondre que, si lui, Philémon, a perdu dans Onésime un esclave, il y trouvera un frère ; que s’il n’a été à lui selon la chair, dorénavant il sera à lui par l’union d’une même foi ; qu’enfin, s’il lui a fait tort, lui Paul consent à lui en tenir compte. Enfin, il ajoute qu’il lui demande le pardon d’Onésime au nom de Jésus-Christ, persuadé qu’il le lui accordera, et même quelque chose de plus.

Cette lettre a été écrite par l’apôtre, étant à Rome prisonnier pour la première fois, la vingt-neuvième année après la mort de Jésus-Christ, l’an 62 de l’ère vulgaire, et fut portée par Tychique à Philémon, ainsi que celle que l’apôtre écrivit aux Colossiens dans le même temps.