Michée Introduction - SAC

Michée dit lui-même, chap. I, v. 1, qu’il était de Morasthi, ou, selon d’autres leçons, de Morescheti, bourgade que saint Jérôme assure être de la tribu de Juda, située vis-à-vis d’Éleuthéropole. Ce prophète ajoute, au même endroit, qu’il commença son ministère sous le règne de Joathan, et qu’il continua sous Achaz et Ézéchias, rois de Juda, et par conséquent depuis l’an du monde 3246 jusqu’en l’an 3276, ou environ, c’est-à-dire qu’il a prophétisé près de trente années ; et ainsi il a été le contemporain des prophètes Osée, Joël et Amos, et aussi d’Isaïe. Il fut rempli de l’Esprit de Dieu, chap. III, v. 8, pour annoncer de sa part aux deux tribus de Juda et de Benjamin, sous le nom de Jérusalem, et aux dix tribus, sous celui de Samarie, le dessein que le Seigneur avait de les punir, et de les châtier de leurs idolâtries, de leurs dérèglements, et de la confiance qu’ils avaient en des prophètes de mensonge ; et c’est ce que Michée exécute ici : il leur reproche leurs désordres, il leur prédit leur ruine, et il console ceux qui seront fidèles à Dieu, par les promesses non-seulement d’une première délivrance sous Cyrus, mais d’une seconde plus parfaite et plus durable sous le règne de Jésus-Christ, qu’il dit devoir naître dans Bethléhem. Jérémie s’est servi de ce qui Michée dit, chap. III, v. 12, pour appuyer les mêmes prophéties ; et il le cite nommément, chap. XXVI, v. 18, pour représenter aux prêtres et aux faux prophètes, qui voulaient le faire mourir, que ce prophète avait dit les mêmes choses avant lui, sans que le roi Ézéchias ni le peuple de Juda l’en eussent repris.

Saint Épiphane, ou l’auteur de la Vie et de la Mort des Prophètes, a confondu ce prophète avec celui dont il est parlé, liv. III des Rois, chap. XXII, v. 8 ; et II Paral., ch. XVIII, v. 7, qui est dit fils de Jemla ; mais cet auteur n’a pas remarqué que cette supposition ne s’accorde point du tout au temps des règnes des rois de Juda qui sont ici nommés, puisque ce Michée, fils de Jemla, a vécu sous Achab, et ainsi plus d’un siècle avant le nôtre. Le style de Michée approche fort de celui d’Isaïe ; il a prédit à peu près les mêmes choses, et les vers. 1, 2 et 3 du premier chapitre sont assez semblables aux vers. 2, 3 et 4 du chap. II d’Isaïe ; mais ses prophéties sont beaucoup plus claires, les circonstances beaucoup plus précisées ; ses expressions sont nobles et naturelles, ses réprimandes vives, fortes, et pressantes.