Ezéchiel Introduction - SAC

Ézéchiel, fils de Buzi, de la race sacerdotale, fut emmené à Babylone par Nabuchodonosor, avec Joachim, surnommé Jéchonias, roi de Juda, ainsi que plusieurs autres personnes de la cour de ce prince ; et la cinquième année de cette captivité il commença ses prophéties, dont il a eu soin de nous marquer les différentes dates, ce qui peut servir à leur donner l’ordre et le rang qu’elles n’ont pas dans les exemplaires que nous en avons. Il rapporte lui-même qu’il a prophétisé les cinquième, sixième, septième, neuvième, dixième, onzième, vingt-cinquième et vingt-septième années de sa captivité, c’est-à-dire pendant l’espace de vingt-deux années, ou environ, depuis l’an du monde 3409 jusqu’en l’année 3432. Ainsi les onze premières années de ses prophéties conviennent avec les onze dernières de Jérémie ; c’est pourquoi ses prédictions touchant la ruine de Jérusalem et du temple, et l’entière captivité du peuple juif, contiennent à peu près les mêmes choses et servirent à confirmer la vérité de ce que Jérémie avait prédit, et à confondre les libertins qui s’en raillaient. Dieu appela Ézéchiel à ce saint ministère par une mission toute particulière (voyez chap. II et III), et par des visions extraordinaires ; car, comme il était assis près du fleuve de Chobar, Dieu lui représenta, sous des symboles effrayants de sa colère, les fléaux dont il voulait punir les désordres de son peuple, et ensuite ceux dont il voulait accabler les nations barbares qui avaient servi à sa juste vengeance. C’est ce que ce prophète décrit d’un style vif, figuré sous des expressions fortes, sous des similitudes, des emblèmes et des hiéroglyphes propres à inspirer aux Juifs de la terreur et de la crainte, et à en cacher les mystères aux Babyloniens, ce qui a fait dire aux Juifs mêmes que ce prophète est obscur et difficile à entendre ; c’est pourquoi ils prétendaient qu’il n’était pas permis de lire ce prophète avant l’âge de trente ans, ce qu’ils disaient surtout à l’égard du premier chapitre, au rapport d’Origène et de saint Jérôme ; mais si d’un côté le prophète effrayait et menaçait les Juifs rebelles, il consolait le petit nombre des fidèles d’entre eux par l’espérance qu’il leur donnait, non-seulement d’une délivrance prochaine sous le règne de Cyrus, mais d’une délivrance entière, parfaite et permanente, par l’avènement de Jésus-Christ.

Quelques traditions juives rapportent que ce saint prophète était du territoire de Saréra ; et qu’ayant reproché aux Juifs captifs à Babylone leur idolâtrie, il fut tué par un de leurs chefs ; et qu’il fut enterré dans un champ nommé Maur, dans le même lieu où étaient les tombeaux de Sem et d’Arphaxad ; mais ces faits ne sont point appuyés sur des témoignages bien certains.

Saint Jérôme prétend que le style de ce prophète tient le milieu entre la vulgarité et la noblesse ; cependant on ne peut guère être plus sublime qu’il l’est dans ses comparaisons, dans ses similitudes, et dans ses descriptions figurées. Il est vrai qu’il y a des répétitions fréquentes, et qu’il y a quelques endroits qu’on doit lire avec quelque sorte de précaution, comme le chap. XVI et le chap. XXIII ; mais il n’y a rien de plus beau que l’énumération qu’il fait des devoirs du juste, au chap. XVIII, ni rien de plus vif que les réprimandes qu’il adresse aux mauvais pasteurs, aux Juifs infidèles et corrompus, pour les obliger à se convertir au Seigneur, et à quitter le culte abominable des idoles.

Pour lire ce prophète en gardant, autant qu’on le peut conjecturer, l’ordre des temps, on doit lire depuis le premier chapitre jusques et y compris le vingt-quatrième, après lequel il faut lire les chapitres XXVIII, XXIX, le XXVI, le XXVII, le XXX et le XXXI, puis reprendre le chapitre XXV, le XXXII, et le reste de suite jusqu’à la fin.

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