Éphèse était une ville marchande célèbre d’Asie mineure, près de la côte de la mer Egée. Dans un temple dédié à la déesse grecque Artémis se trouvait une image de cette divinité. On prétendait que la statue en question était tombée du ciel (Actes 19.24, 35). A l’époque du Nouveau Testament, la ville d’Éphèse était la capitale de la province romaine d’Asie. De nombreux Juifs y demeuraient.
Paul visita rapidement Éphèse en rentrant de son deuxième voyage missionnaire (vers les années 51 à 54 apr. J.C. ; comp. Actes 18.19-21). Son troisième déplacement, au cours des années 54 à 58 apr. J.C., le ramena cependant bientôt dans cette cité ; il y demeura trois ans (Actes 19.1 à 20.1 ; comp. chap. 20.31). Il commença par annoncer l’évangile dans la synagogue, mais lorsque l’opposition des Juifs prit de l’ampleur, il se sépara d’eux et enseigna dans l’école de Tyrannus (Actes 19.8, 9).
Vers la fin de son séjour à Éphèse, Paul écrivit la première épître aux Corinthiens (1 Cor. 16.8) ; quand il parle de combat contre les bêtes (1 Cor. 15.32 ; comp. 2 Cor. 1.8), l’apôtre fait allusion aux difficultés qui existaient entre lui et les Juifs domiciliés dans la ville. Paul quitta finalement Éphèse après le tumulte suscité par les orfèvres et les marchands de souvenirs.
Pendant cette période relativement longue, de nombreuses personnes établies à Éphèse, et partout dans les environs (Actes 19.10), eurent l’occasion d’entendre l’évangile ; et une assemblée bien fondée se constitua dans cette ville.
Lors de son retour de Grèce, Paul s’arrêta encore une fois à Milet, près d’Éphèse ; prévoyant sa captivité toute proche, il convoqua les anciens ou surveillants de l’assemblée à Éphèse et leur fit un discours d’adieu solennel et émouvant (Actes 20.17-38).
L’épître aux Éphésiens est adressée à une telle assemblée. Les mots « à Éphèse » du chapitre 1.1 manquent dans quelques anciens manuscrits importants du Nouveau Testament (P 46 ; l’indication a été rajoutée plus tard sur les textes des Codex Sinaïticus et Vaticanus). Ces omissions et rajouts sont à l’origine des différentes spéculations entre théologiens sur l’auteur, les destinataires, le but et la date de l’épître. Aujourd’hui, selon l’opinion la plus largement répandue, l’épître aux Éphésiens serait une circulaire adressée à plusieurs assemblées d’Asie mineure (comp. Col. 4.16 : « vous aussi lisez celle qui viendra de Laodicée »). Mais cette théorie n’a pas pu être prouvée. La plupart des manuscrits grecs et des traductions anciennes confirment les mots litigieux ; tous les manuscrits grecs portent la suscription « Aux Éphésiens » ; en outre, plusieurs Pères de l’Église, dont Irénée (env. 140-202), Clément d’Alexandrie (env. 150-215) et Tertullien (env. 160-220), attestent que la lettre est adressée aux Éphésiens. De tels avis, particulièrement autorisés, confirment l’argument selon lequel l’épître est adressée aux Éphésiens. Son titre même constitue une garantie supplémentaire.
D’après certains passages de l’épître, son auteur, Paul, dont le nom est mentionné à deux reprises (chap. 1.1 ; 3.1), se trouvait en prison (chap. 3.1 ; 4.1 ; 6.20). L’épître aux Éphésiens fait donc partie, avec celles aux Philippiens, aux Colossiens et à Philémon, de ce qu’on appelle « les épîtres de la captivité ». Elles ont été écrites au cours des deux années pendant lesquelles Paul était incarcéré à Rome (Actes 28 ; Phil. 1.13 ; 4.22) : depuis les temps les plus reculés, ce fait n’a jamais été contesté. Beaucoup plus récemment, on a voulu voir, mais sans motifs fondés, les deux ans de captivité passés par l’apôtre à Césarée. La date de l’épître peut donc bien être fixée dans les années 61/62 apr. J.C.
La rédaction de cette épître n’a, semble-t-il, pas été motivée par des faits importants qui préoccupaient Paul. L’assemblée à Éphèse était visiblement dans un excellent état spirituel (comp. Eph. 1.15) ; l’apôtre peut ainsi, sans contrainte extérieure, adresser aux fidèles un exposé des pensées divines les plus élevées et les plus profondes qui lui ont été révélées. L’épître aux Éphésiens est la seule du Nouveau Testament qui présente d’une manière aussi complète la position céleste et les bénédictions spirituelles des croyants. Ces pensées de Dieu, tant pour le croyant considéré individuellement que pour l’Assemblée (Église) entière, sont fondées uniquement et exclusivement sur l’oeuvre et la personne de Jésus Christ, le Fils de Dieu. C’est pourquoi les expressions « en Christ », « dans le Christ », « en lui » reviennent si souvent.
Comme nulle autre, cette épître expose le conseil éternel de Dieu à l’égard de Christ et de ceux qui croient en Lui. Les voies divines de la grâce n’ont pas leur point de départ dans la situation désespérée du pécheur perdu (comme par exemple dans les épîtres aux Romains et aux Colossiens), mais dans le propos et la volonté de Dieu de toute éternité. Selon le plan éternel de Dieu le Père dans le Christ Jésus, tous ceux qui croient en lui reçoivent, maintenant déjà, pendant leur vie ici-bas, toutes bénédictions spirituelles dans les lieux célestes dans le Christ Jésus. Mais celles-ci ne peuvent être leur part qu’en vertu de l’oeuvre expiatoire de Christ à la croix (Eph. 1.7). Ces bénédictions sont: le fait d’être enfant de Dieu, la position de fils, la vie éternelle et l’habitation du Saint Esprit dans le croyant. Aucune de ces bénédictions ne se rapporte à la terre; elles sont toutes purement spirituelles et célestes.
Parmi les sujets principaux de cette épître, remarquons la position particulièrement privilégiée de l’Assemblée (Église), considérée, elle aussi, selon le conseil de Dieu. Elle est vue en relation avec le Seigneur Jésus Christ, qui est sa Tête glorifiée à la droite de Dieu dans le ciel, et dans son unité sur la terre.
La première partie de l’épître (Eph. 1 à 3) commence par la louange de Dieu le Père qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux (ou: la sphère) célestes en Christ. Nous possédons ces bénédictions en tant que rachetés par le sang de Christ. Elus avant la fondation du monde, nous serons cohéritiers de Christ dans le royaume millénaire. Maintenant déjà, nous avons reçu le Saint Esprit comme arrhes de cette possession future. Ensuite, dans une première prière à Dieu, Paul demande instamment, en faveur des Éphésiens, la sagesse et l’intelligence pour connaître les richesses de ces révélations, mais spécialement la puissance de Dieu, par laquelle Christ a été ressuscité et glorifié à Sa droite. Cette place glorieuse de Christ dans les lieux célestes est celle aussi des croyants qui sont ressuscités avec lui et assis déjà en lui dans les lieux célestes. Telle est la position chrétienne (chap. 1.3 à 2.10).
La description des bénédictions personnelles des croyants est suivie d’un exposé de leurs bénédictions communes. Par la foi en Christ, les nations (les païens) autrefois sans Dieu et sans espérance, et les Juifs qui connaissaient Dieu par la loi, ont été constitués en un seul corps, l’Assemblée de Dieu et forment maintenant l’habitation de Dieu par l’Esprit. Ce fait caché jusque-là représente un mystère qui a été révélé à l’apôtre Paul : une richesse insondable! Dans une seconde prière, l’apôtre demande que Christ, le centre de toutes les pensées du Père, habite dans le cœur des croyants par la foi (chap. 2.11 à 3.21).
La seconde partie de l’épître (chap. 4 à 6) renferme encore plusieurs enseignements et messages importants. Pourtant, les exhortations pratiques en forment le sujet principal. L’apôtre parle d’abord du maintien de l’unité de l’Esprit dans l’Assemblée, selon la pensée de Dieu, puis des différents dons nécessaires pour l’édification du seul corps de Christ (chap. 4.1-16).
Considérant l’ancienne, puis la nouvelle création, l’apôtre présente ensuite leurs effets sur la vie dans la communauté chrétienne, ainsi que dans les relations terrestres du mariage, de la famille et du cercle professionnel (chap. 4.17 à 6.9).
Afin de combattre efficacement les puissances sataniques qui cherchent à lui ôter la jouissance de toutes les bénédictions spirituelles, le croyant doit connaître l’armure complète de Dieu et en faire usage (chap. 6.10-20).
L’épître aux Éphésiens peut être comparée, dans l’Ancien Testament, au livre de Josué. Celui-ci décrit la manière dont Dieu introduit son peuple terrestre Israël en Canaan, un pays riche en bénédictions matérielles qu’il doit défendre contre des adversaires humains. Dans l’épître aux Éphésiens, le peuple céleste racheté de Dieu est introduit dans toutes les bénédictions spirituelles dans les lieux célestes et il doit lutter contre des ennemis spirituels pour jouir de ces bénédictions.
Le sujet principal de l’épître aux Éphésiens est l’Assemblée de Dieu. Les pensées de Dieu à son égard n’ont jamais été traitées d’une manière aussi complète dans aucune autre épître. Dans les pensées de Dieu, l’Assemblée est une création si élevée et si complexe qu’elle est présentée sous trois images différentes dans le Nouveau Testament. Seule l’épître aux Éphésiens les présente les trois :
Cette expression, qui désigne le ciel, est caractéristique de l’épître aux Éphésiens ; elle ne se trouve qu’ici, et revient cinq fois. En fait, le texte original comporte uniquement l’adjectif « célestes » ; le mot « lieux » (ou : sphère) est une adjonction qui facilite la compréhension. D’autres versions parlent de « monde » céleste, de « régions » célestes ou simplement de « cieux ».
Dans les lieux célestes, les croyants sont bénis de toute bénédiction spirituelle en Christ (chap. 1.3), parce que là se trouve leur Seigneur glorifié, comme Chef sur toutes choses (chap. 1.20). C’est là que Dieu le Père les a déjà fait asseoir ensemble en Christ, car sa position en tant que Fils de l’homme glorifié est aussi la leur (chap. 2.6). Par l’unité de l’Assemblée, la sagesse si diverse et éternelle de Dieu doit maintenant être donnée à connaître aux principautés et aux autorités (c’est-à-dire au monde angélique) dans les lieux célestes (chap. 3.10). Enfin, le combat spirituel du chrétien se déroule contre les puissances spirituelles de méchanceté (Satan et ses démons) dans les lieux célestes (chap. 6.12).
I. Éphésiens 1 à 3 : Le conseil de Dieu en Christ pour les croyants et l’Assemblée (Partie doctrinale) | |
1. Chapitre 1 | Le conseil de Dieu en Christ |
2. Chapitre 2 | L’accomplissement de ce conseil par Christ |
3. Chapitre 3 | La communication de ce conseil par l’apôtre Paul |
II. Éphésiens 4 à 6 : L’assemblée dans la pratique et la vie des croyants (Exhortations) | |
1. Chapitre 4.1-16 | L’édification du corps de Christ |
2. Chapitre 4.17-24 | La vie ancienne et la vie nouvelle |
3. Chapitres 4.25 à 5.21 | La communion chrétienne |
4. Chapitres 5.22 à 6.9 | Le mariage, la famille et la sphère de travail |
5. Chapitre 6.10-24 | Le combat spirituel. |
Tiré de « Vue d’ensemble du Nouveau Testament »,
Arend Remmers, EBLC Chailly-Montreux Suisse.