Habakuk Introduction - DBY

Introduction à Habakuk

3 chapitres

1. Son auteur et sa date

Habakuk, Abdias et Malachie sont les seuls d’entre les petits prophètes dont nous ne savons rien d’autre que le nom. Toutefois, avec Zacharie et Aggée, Habakuk est l’un des trois, parmi ceux qui ont écrit, à s’intituler « prophète » (Hab. 1.1). Certaines personnes mettent son nom en relation avec celui d’une plante assyrienne. Déjà depuis le Père de l’église Jérôme, le traducteur de la Bible en latin, le nom Habakuk est aussi compris dans le sens d’« étreinte » ou « celui qui étreint ». L’explication donnée par Luther vaut la peine d’être mentionnée: «Habakuk porte le nom adapté à son service. Son nom, en allemand, signifie « celui qui serre sur son cœur » ou qui presse un autre contre lui et le prend dans ses bras. C’est ce qu’il fait avec sa prophétie : il serre son peuple sur son cœur et l’enlace dans ses bras, c’est-à-dire, il le console et le relève, comme on embrasse un pauvre enfant ou adulte en larmes pour le calmer et le rassurer, parce que, si telle est la volonté de Dieu, cela ira mieux » (Préface de M. Luther au Prophète Habakuk).

Certains ont supposé qu’Habakuk était un lévite occupé au service du temple. Cette hypothèse est confirmée par la prière en forme de psaume, avec son en-tête et sa conclusion, au chapitre 3 (comparer à cet égard les titres des psaumes 7 et 4).

Au verset 6 du premier chapitre, nous trouvons une allusion claire à l’époque pendant laquelle Habakuk exerça son ministère et rédigea son livre : « Car voici, je suscite les Chaldéens, la nation cruelle et impétueuse. » Commentant le livre d’Habakuk dans son ensemble, différents critiques ont certes voulu tordre le sens du nom « Chaldéens » ; mais nous n’avons aucune raison de douter que les Chaldéens et les Babyloniens représentent une seule et même nation. En 2 Rois 25.1, Nebucadnetsar est appelé le roi de Babylone, et au verset 4, ses soldats sont nommés les « Chaldéens » (comp. Es. 13.19 ; Ezéch. 12.13).

En fait, depuis 625, sous Nabopolassar (625-605 av. J.C.), l’empire néobabylonien n’avait cessé de s’étendre. Ninive, la capitale de l’empire assyrien déjà affaibli, fut conquise en 612 av. J.C. (voir les remarques concernant le prophète Nahum) ; en 605 eut lieu la bataille de Karkemish, au cours de laquelle les Babyloniens vainquirent les Égyptiens (comp. Jér. 46.2). Tout le Proche-Orient se trouvait ainsi ouvert aux Babyloniens. Leur réputation de cruauté était connue partout. Peu après, Nebucadnetsar assaillit le royaume de Juda (605 av. J.C.). Lors de la première transportation à Babylone qui s’ensuivit, tous les nobles juifs ceux-là même qui avaient opprimé les pauvres du peuple (Hab. 1.2-4) furent déportés (2 Rois 20.18 ; 24.14 ; Dan. 1.3). Deux autres attaques, en 597 et 586 av. J.C., suivirent cette première intervention des Babyloniens ; elles aboutirent à la destruction de Jérusalem et à la captivité de Juda à Babylone. Cependant, lors de la composition du livre d’Habakuk, tous ces événements étaient encore à venir. Bien que cet écrit ne comporte aucune date, on peut situer avec une relative sûreté la période de rédaction entre le moment de la destruction de Ninive et celui de la première attaque contre Juda (612 à 605 av. J.C.).

Contemporain de Jérémie, avec lequel il présente d’ailleurs de nombreuses ressemblances, Habakuk avait lui aussi une nature sensible et manifestait une tristesse profonde quant à l’état du peuple de Dieu.

2. Son but

Habakuk, le huitième des petits prophètes, occupe une place particulière. Contrairement aux autres prophètes, il ne s’adresse pas aux hommes de la part de Dieu, mais parle à Dieu de son peuple et des ennemis de celui-ci, les Chaldéens. Les questions et paroles d’Habakuk, de même que les réponses de Dieu constituent le message prophétique destiné à toucher le cœur et la conscience du peuple de Dieu.

Le cœur du prophète Habakuk est accablé par l’injustice qui prévaut au sein du peuple de Dieu (Hab. 1.2-4). Dans sa réponse, adressée directement au peuple, Dieu annonce son châtiment: l’attaque des Chaldéens (Hab. 1.5-11). Habakuk est encore plus effrayé en apprenant que Dieu se sert, comme verge pour punir les siens, d’un peuple plus injuste que les Juifs (Hab. 1.12-17).

Au chapitre 2, Habakuk reçoit une deuxième réponse de Dieu. Elle lui montre que l’Éternel connaît l’orgueil de Babylone, cette nation méchante, et le punira, mais que le juste vivra par sa foi en l’Éternel. Du verset 3 de ce chapitre 2, il ressort que la vision avec ses cinq « malheur » (Hab. 2.6-20) ne se rapporte pas uniquement à l’invasion imminente des Chaldéens ; la portée de cette révélation s’étend aussi jusqu’au temps de la fin.

Puis, au chapitre 3, la foi d’Habakuk triomphe, lorsqu’il se souvient de la gloire et de la puissance de Dieu manifestées pour la délivrance de son peuple Israël. Dans cette prière de reconnaissance et ce chant de louange, Habakuk exprime qu’il trouve sa joie et sa force en Dieu.

3. Ses particularités

a) Citations dans le Nouveau Testament

Il semble que l’apôtre Paul ait été particulièrement attiré par l’écrit du prophète Habakuk. En Actes 13.41, Luc rapporte qu’à la fin de sa prédication dans la synagogue à Antioche, Paul cite le sérieux avertissement de Habakuk 1.5.

En outre, il est très remarquable que l’apôtre, inspiré par le Saint Esprit pour exposer dans l’épître aux Romains la glorieuse vérité de la justification par la foi, introduise trois fois dans ses lettres ces paroles d’Habakuk : « Mais le juste vivra par sa foi » (Hab. 2.4). Cependant, l’accent est mis chaque fois sur un mot différent :

– Romains 1.17 :« Or le juste vivra de foi » (c’est-à-dire que seul celui qui a été une fois justifié peut vivre une véritable vie de foi).
– Galates 3.11 :« Le juste vivra de foi » (non par la loi qui ne peut justifier personne).
– Hébreux 10.38 :« Or le juste vivra de foi » (c’est-à-dire qu’il n’ira pas dans la perdition avec les impies).

b) Le « commentaire d’Habakuk » de la mer Morte

En 1947, de nombreux vieux rouleaux de parchemin furent découverts dans les grottes de Qumran au bord de la mer Morte. Plusieurs d’entre eux contenaient les textes bibliques de l’Ancien Testament, datant de quelque 1000 à 1200 ans avant les plus anciens manuscrits hébraïques connus jusque-là. On trouva notamment, dans la grotte I, le « commentaire d’Habakuk » (1 Qp Hab). Cet écrit hébraïque fut rédigé vers 75 av. J.C. ; il comporte les deux premiers chapitres du livre d’Habakuk. Chaque verset est accompagné d’une explication, montrant que les événements de l’époque du commentateur juif constituent l’accomplissement des prophéties d’Habakuk.

4. Analyse succincte de son contenu

I. Habakuk 1 et 2 : Le problème d’Habakuk et la réponse de Dieu
1. Chapitre 1.1-11Premier dialogue : Dieu et le péché du peuple
2. Chap. 1.12 à 2.20Deuxième dialogue : Dieu et le péché des ennemis
II. Habakuk 3 : Soumission et louange d’Habakuk
1. Chapitre 3.1-15Châtiment de Dieu et délivrance
2. Chapitre 3.16-19Foi d’Habakuk.

Tiré de « Vue d’ensemble de l’Ancien Testament »,
Arend Remmers, EBLC Chailly-Montreux Suisse.