Cette courte mais précieuse lettre de Paul fut écrite durant sa première captivité, à Rome probablement (versets 1, 9 ; comparez Introduction à l’épître aux Éphésiens, paragraphe 3) ; en même temps que les épîtres aux Colossiens (Colossiens 4.7-9) et aux Éphésiens, et adressée à Philémon, membre de l’Église de Colosses, distingué par sa foi et son amour pour le Seigneur (versets 5 à 7). Le sujet de la lettre est tout spécial et personnel. Philémon avait un esclave, nommé Onésime, qui, après quelque infidélité commise au préjudice de son maître ; verse 18), s’était enfui de sa maison et était venu à Rome ; là, le Seigneur dans sa miséricorde lui fit rencontrer Paul. L’apôtre des Gentils l’amena à la connaissance de Jésus-Christ (verset 10), et l’aima comme un frère (verset 16). Il lui persuada que son devoir était de retourner auprès de son maître, afin de réparer le tort qu’il lui avait fait (versets 18, 19). Mais, pour être plus sûr que Philémon ajouterait foi aux nouveaux sentiments de son serviteur, Paul remet à celui-ci cette lettre de recommandation, dans laquelle il plaide sa cause par les arguments les plus persuasifs et les plus touchants (voir verset 7, note). Onésime fit le voyage de Colosses dans la société de Tychique, également envoyé à cette Église par l’apôtre (Colossiens 4.7-9).
Tel est le sujet de notre épître. Plus elle est personnelle, spéciale, ne traitant que d’une affaire en apparence toute temporelle, mieux elle montre comment, pour le chrétien, tous les rapports de la vie peuvent s’élever à la plus haute spiritualité, devenir un lien de communion entre les âmes, un exercice de toutes les grâces de Dieu.
Luther a écrit sur l’épître à Philémon la préface suivante :
Cette lettre est un délicieux exemple d’amour chrétien. Car nous voyons avec quel tendre intérêt saint Paul s’occupe du pauvre Onésime, intercède pour lui auprès de son maître par tous les moyens en son pouvoir, se met à la place de l’esclave, comme si lui-même avait péché. Et il fait tout cela, non par contrainte ou en usant d’autorité, comme il en aurait eu le droit ; mais il renonce à son droit, afin d’obliger d’autant plus sûrement Philémon à renoncer au sien. Paul imite auprès de Philémon, et en faveur d’Onésime, ce que Christ a fait en notre faveur auprès de son Père. Car Christ s’est ainsi dépouillé de son droit, et, à force d’humilité et d’amour, il a obtenu du Père qu’il mît de côté sa colère et son droit, et qu’il nous reçût en grâce pour l’amour de Christ et de son intercession. Ainsi nous sommes tous ses Onésimes, si nous croyons en lui.