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Introduction à Matthieu

28 chapitres

1. Son auteur et sa date

Dans la plupart des manuscrits, ce livre est intitulé : « Évangile selon Matthieu ». Il n’y a qu’une seule bonne nouvelle de l’œuvre merveilleuse accomplie par le Fils de Dieu, le Seigneur Jésus Christ ; mais dans sa sagesse, Dieu s’est servi de quatre hommes différents pour annoncer par écrit au monde ce message du salut.

Comme pour la plupart des livres de la Bible, le nom de l’auteur n’est pas donné dans l’évangile selon Matthieu. Mais dès le commencement, la tradition chrétienne témoigne que le texte a été écrit par l’apôtre Matthieu. Pourtant, selon cette même tradition, l’évangile de Matthieu aurait été composé à l’origine en langue hébraïque ou araméenne. Papias (65-150 apr. J.C.) écrit : « Matthieu a certes bien transcrit les oracles (grec : logia) en hébreu, mais chacun les a traduits comme il l’a pu. » L’interprétation de cette déclaration n’est pas facile et a donné lieu aux explications les plus diverses. La plupart des savants modernes sont parvenus à la conclusion que l’évangile n’a pas été écrit par Matthieu, et qu’aucun fait ne permet non plus d’étayer la thèse selon laquelle le livre aurait été composé en hébreu ou araméen. D’après les scientifiques, l’auteur ne serait pas un apôtre ; il aurait rédigé l’évangile en langue grecque et se serait appuyé sur deux sources : l’évangile selon Marc et une soi-disant « Source de logia Q » qui n’existe en fait qu’en théorie. Ne reconnaissant pas à Matthieu sa qualité d’auteur, les analystes avancent qu’un témoin oculaire n’aurait pas pu écrire de la sorte, et qu’il est inconcevable qu’un apôtre se soit appuyé sur l’oeuvre d’un homme qui lui-même n’était pas un apôtre, tel Marc. Mais ces deux arguments ne tiennent pas compte d’une réalité essentielle. Si les Saintes Ecritures ont été rédigées par des hommes, les auteurs se trouvaient sous l’inspiration du Saint Esprit : Il les a dirigés dans la rédaction de leur exposé tant pour le contenu que pour la forme (comp. 1 Cor. 2.13, 14 ; 2 Pierre 1.21). En outre, l’existence d’un recueil primitif des paroles de Jésus en langue araméenne est certes concevable, mais pour ne pas demeurer purement théorique, une telle hypothèse devrait être corroborée par la découverte de documents. Le texte de l’évangile selon Matthieu est considéré aujourd’hui presque unanimement comme étant l’original grec et non pas une traduction.

Le nom de l’auteur, Matthieu, figure au septième ou au huitième rang de chacune des listes des apôtres (Matt. 10.2-4 ; Marc 3.16-19 ; Luc 6.13-16 ; Actes 1.13). Les trois évangiles synoptiques nommés ainsi à cause des similitudes qu’ils présentent évoquent l’appel de Matthieu (Matt. 9.9ss ; Marc 2.13ss ; Luc 5.27ss). Mais à cette occasion, Luc parle d’un « publicain, nommé Lévi » et Marc, de « Lévi le fils d’Alphée », tandis que dans notre évangile la même personne est appelée tout simplement « Matthieu ». On peut aussi remarquer que l’adjonction « le publicain » ne figure que dans l’énumération des apôtres donnée en Matthieu 10.3. Le nom Matthieu tire son origine de différents noms hébreux, tels Matthithia, Matthania ou d’autres, qui tous signifient : « don de l’Éternel ».

L’évangile lui-même ne donne aucune indication sur l’époque exacte pendant laquelle il a été écrit, aussi y a-t-il une grande divergence d’opinions à ce sujet. Certains savants pensent que l’évangile a été rédigé après la destruction de Jérusalem (70 apr. J.C.). Considérant que l’argument est sujet à caution, d’autres chercheurs préfèrent situer l’époque de rédaction entre 60 et 70 apr. J.C. Une phrase d’un des Pères de l’Église, Irénée (env. 140-202 apr. J.C.), permet de supposer que l’évangile de Matthieu a été écrit dans les années 61 à 66 apr. J.C.

2. Son sujet et son but

Des quatre évangiles, celui de Matthieu est le plus complet et donne la meilleure vue d’ensemble sur la vie et la mort du Seigneur. D’autre part, constituant la transition entre l’Ancien Testament et le Nouveau, représentant le lien de l’un à l’autre, cet évangile occupe à bon escient la première place dans le canon du Nouveau Testament.

L’évangile selon Matthieu contient environ soixante citations de l’Ancien Testament. Il ne s’agit souvent que de quelques mots (p. ex. Matt. 5.21, 27, 38, 43 ; 24. 15).

Mais une trentaine de citations sont clairement indiquées comme étant tirées de l’Ancien Testament (p. ex. Matt. 2.5, 6 ; 3.3 ; 4.4, 7, 10).

Quatorze épisodes de la vie du Seigneur Jésus sont expressément mentionnés comme étant l’accomplissement de prophéties de l’Ancien Testament (Matt. 1.22, 23 ; 2.5, 6, 15, 17, 18, 23 ; 4.14-16 ; 8.17 ; 11.10 ; 12.17-21 ; 13.35 ; 21.4, 5, 42 ; 26.31 ; 27.9, 10).

L’intention du Saint Esprit dans cet évangile est clairement indiquée dès le premier verset : Jésus Christ est le Fils de David et le Fils d’Abraham et, par conséquent, le Messie, le Roi d’Israël promis, légitime, Celui qui accomplit toutes les promesses de l’Ancien Testament. A huit reprises le Seigneur Jésus est appelé « Fils de David » (Matt. 1.1 ; 9.27 ; 12.23 ; 15.22 ; 20.30, 31 ; 21.9, 15).

Un autre caractère important de cet évangile est étroitement lié à ce qui précède : la fréquente mention du règne messianique, plus précisément du « royaume » (cinquante fois). Alors que, d’une façon générale, le règne est appelé ailleurs « le royaume de Dieu », Matthieu parle trente-deux fois du « royaume des cieux » ; l’expression « royaume de Dieu » n’est employée que cinq fois.

L’évangile selon Matthieu est construit selon un plan divin. Dans la première moitié du livre, le Seigneur Jésus est introduit comme le Roi d’Israël et présenté à son peuple terrestre. Cette partie se termine au chapitre 12 par sa réjection : les chefs d’Israël ne veulent pas de leur Roi.

La seconde moitié, à partir du chapitre 13, décrit le service du Roi rejeté, un service qui dès lors ne se limite plus exclusivement à Israël, mais s’étend également aux nations païennes. C’est dans cette section de l’évangile que nous trouvons la toute première mention dans la Bible de l’Assemblée (ou : Église) de Dieu, composée de Juifs et de païens (Matt. 16.18 ; comp. 1 Cor. 12.13).

Le service de Christ se termine par ses souffrances et sa mort, mais aussi par sa résurrection et par l’envoi des apôtres. Matthieu ne parle toutefois pas de l’ascension du Seigneur. La structure de l’évangile est marquée par les cinq grands discours de Christ, qui tous finissent par les mêmes termes : « Et il arriva que, quand Jésus eut achevé ces discours. »

  • Dans ce qui est appelé le Sermon sur la montagne (Matt. 5.1 à 7.28), le Seigneur annonce les principes du royaume des cieux.

  • Lors du départ des douze disciples vers le peuple d’Israël, le Seigneur les enseigne quant au service qu’ils devront assumer, étant ses envoyés (Matt. 10.1 à 11.1).

  • Dans les paraboles du royaume des cieux, Jésus explique qu’en vertu de sa réjection, ce royaume allait prendre un développement nouveau, mystérieux (Matt. 13.1-53).

  • Dans son quatrième discours (Matt. 18.1 à 19.1), le Seigneur Jésus présente divers principes concernant les relations personnelles et communautaires des croyants.

  • Dans le dernier grand discours sur les temps de la fin, le Seigneur expose successivement aux disciples les destins d’Israël (Matt. 24.1-44), de la chrétienté (Matt. 24.45 à 25.30) et des nations (Matt. 25.31 à 26.1) dans la période comprise entre le départ de Christ et son apparition en gloire.

3. Ses particularités

a) Le royaume des cieux

Le royaume des cieux, c’est la domination de Dieu sur le monde, par le truchement de l’homme Christ Jésus. Avant tout, les Juifs attendaient ce règne pour être libérés du joug des Romains. C’est pourquoi, dans l’évangile selon Matthieu, l’expression « royaume des cieux » est employée trente-deux fois, pour établir clairement que ce royaume a la source de sa puissance dans les cieux et non pas sur la terre. Fondamentalement, le royaume des cieux et le royaume de Dieu désignent la même chose, mais dans le premier cas, l’accent est mis sur le caractère céleste de la domination. En outre, dans l’évangile selon Matthieu, le royaume des cieux est toujours considéré comme futur: il commence après l’ascension du Seigneur; tandis que le royaume de Dieu est présenté, par Matthieu aussi, comme existant déjà (Matt. 12.18). Plusieurs paraboles dont Marc et Luc se servent pour expliquer le royaume de Dieu sont classées par Matthieu sous le « titre » de royaume des cieux. Dans l’évangile que nous évoquons ici, les paraboles du royaume des cieux sont au nombre de dix : l’ivraie dans le champ (chap. 13.24-30, 36-43), le grain de moutarde (chap. 13.31, 32), le levain (chap. 13.33), le trésor dans le champ (chap. 13.44), la perle de très grand prix (chap. 13.45, 46), la seine (chap. 13.47-50), l’esclave sans pitié (chap. 18.23-35), les ouvriers dans la vigne (chap. 20.1-16), le repas de noces du roi (chap. 22.1-14) et les dix vierges (chap. 25.1-13).

b) L’Assemblée (en grec : ekklesia)

L’évangile selon Matthieu est le seul qui mentionne l’Assemblée (Église) du Nouveau Testament (Matt. 16.18). Ce n’est qu’après son rejet par son peuple terrestre que le Messie a annoncé la fondation et l’édification de l’Assemblée, dont il est lui-même le fondement. L’Assemblée est apparue à la Pentecôte (Actes 2) ; elle comprend tous les croyants de la période actuelle de la grâce. L’Église sera introduite par le Seigneur lui-même dans la maison de son Père avant les jugements de la fin, pour être éternellement auprès de Lui dans la gloire.

Le Seigneur parle ensuite de l’assemblée locale, c’est-à-dire de ceux qui se réunissent en assemblée dans un lieu donné (Matt. 18.15-20). Il transmet à l’assemblée locale l’autorité la plus élevée qui soit sur la terre pour toutes les questions d’ordre et de discipline, et cela parce qu’il est lui-même au milieu de ceux qui sont assemblés à son nom.

Nous ne trouvons aucune révélation de l’Assemblée dans l’Ancien Testament. L’Église fait partie du mystère de Dieu qui ne sera donné à connaître que dans le Nouveau Testament (Eph. 3.1-12), après l’accomplissement de l’œuvre de l’expiation accomplie par le Fils de Dieu et l’envoi du Saint Esprit pour habiter dans les croyants.

4. Analyse succincte de son contenu

I. Matthieu 1.1 à 4.11 : L’introduction du Roi
Chapitre 1Généalogie et naissance de Christ
Chapitre 2L’adoration des mages et la haine d’Hérode
Chapitre 3Le baptême de Christ au Jourdain
Chapitre 4.1-11La tentation de Christ
II. Matthieu 4.2 à 12.50, première grande division : Le service du Roi en Galilée
Chapitre 4.12-25Les premiers actes de Christ ; l’appel des disciples
Chapitre 5Le Sermon sur la montagne : les béatitudes et les relations avec la loi
Chapitre 6Le Sermon sur la montagne : la recherche du royaume de Dieu
Chapitre 7Le Sermon sur la montagne : le chemin étroit
Chapitre 8La puissance de Jésus sur les maladies et sur Satan
Chapitre 9L’appel de Matthieu et d’autres miracles
Chapitre 10L’envoi des douze apôtres
Chapitre 11La réjection de Christ par le peuple
Chapitre 12La réjection de Christ par les chefs du peuple
III. Matthieu 13.1 à 20.34, deuxième grande division : Le service du Roi rejeté
Chapitre 13Les sept paraboles du royaume des cieux
Chapitre 14La mort de Jean le Baptiseur ; les cinq mille et la première multiplication des pains ; Jésus marche sur la mer
Chapitre 15Les pharisiens; la femme cananéenne; les quatre mille et la seconde multiplication des pains
Chapitre 16Première mention de l’Assemblée et des souffrances de Christ
Chapitre 17Transfiguration et deuxième mention des souffrances de Christ
Chapitre 18La conduite qui convient dans le royaume et dans l’Assemblée
Chapitre 19A propos du divorce; le jeune homme riche
Chapitre 20La parabole de la vigne ; troisième mention des souffrances de Christ; les fils de Zébédée
IV. Matthieu 21.1 à 25.46, troisième grande division : Le service du Roi à Jérusalem
Chapitre 21L’entrée à Jérusalem ; la parabole du maître de la vigne
Chapitre 22La parabole du repas des noces ; les pharisiens et les sadducéens
Chapitre 23Les sept malheurs sur les scribes et les pharisiens
Chapitre 24Discours sur les temps de la fin : Israël et son résidu
Chapitre 25Discours sur les temps de la fin : La chrétienté et les nations
V. Matthieu 26.1 à 28.20 : L’achèvement du service du Roi
Chapitre 26La Pâque et l’arrestation de Jésus
Chapitre 27La condamnation, la crucifixion et l’ensevelissement de Jésus
Chapitre 28La résurrection de Jésus et la mission confiée à ses disciples.

Tiré de « Vue d’ensemble du Nouveau Testament »,
Arend Remmers, EBLC Chailly-Montreux Suisse.


Introduction de la Darby

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