Hoshéa‘ (« Yah sauve ») est un homme du royaume du Nord; peut-être appartient-il à la tribu de Benjamin. C’est à Ephraîm (Israël) qu’il adresse ses diatribes exemptes de complaisance à l’égard de ceux qu’il fustige. Il reprend le thème fondamental du prophétisme: le pacte du Sinaï conditionne l’harmonie cosmique; l’enfreindre risque d’entraîner la destruction de l’univers. Placé entre la vie et la mort, Israël est un otage qui ne devra son salut qu’à l’amour de IHVH-Adonaï. En face de la nuit qui monte et contre la mort qui menace, les vraies armes du combat ne sont pas « politiques »; elles se trouvent dans un ultime recours à la justice, au droit, à la grâce matricielle, à l’acquiescement en face de la vérité. Celle-ci n’est totale que moyennant la connaissance d’Elohîms, source de sécurité et de salut.
Les harangues d’Osée sont parmi les plus violentes jamais proférées par les inspirés d’Israël. L’exil, le prophète le pressent et le décrit sous des traits redoutables (13, 7-8; 14,1). Le retour à IHVH-Adonaï d’un peuple enfin converti à la justice pourrait cependant éviter le pire. Et pour en convaincre ceux pour le salut desquels il n’a de cesse, Osée trouve des accents dont les siècles, les millénaires, n’ont pas atténué l’éclat toujours neuf.
Chaque inspiré a son style. Celui d’Osée est très personnel, et il l’est dès les premiers mots. Il se met au centre de ce qu’il écrit, n’hésitant pas à employer sans cesse les termes ani, « moi », anokhi, « moi-même ». Il s’identifie au sujet de son discours et trouve dans sa vie personnelle les symboles qui expriment toute sa mystique. C’est ainsi que, comme IHVH-Adonaï a épousé Israël, il se mariera, lui aussi, et ce sera, sur l’ordre d’Elohîms, avec une prostituée. Il y aura ainsi une correspondance mystique entre IHVH-Adonaï et l’inspiré, entre Israël et la femme infidèle; entre les amants de celle-ci et les idoles que condamne l’inspiré. Il y a là une profonde harmonie entre l’homme et la fonction qu’il assume, mû qu’il est par la toute-puissance de l’amour.