Alors que la voix d’Osée se taisait dans le royaume du Nord, Isaïe et Michée signifiaient à Juda les décrets divins. Contemporain du grand prophète, Michée était d’une origine toute différente ; paysan de Morécheth (entre Hébron et Gaza), il a, devant la dépravation, les injustices et la perversion religieuse de Jérusalem, des réactions analogues à celles d’Amos ; il défend les pauvres cultivateurs et les petites gens, il proclame la justice divine, mais sait quelle miséricorde s’y joint. Le livre, qui nous a gardé les précieux échos de son ministère, se divise en trois parties :
1° I – III : Peu avant la chute de Samarie en 722, le Prophète décrit, sous forme d’une théophanie grandiose, le juste châtiment de cette ville ; il le voit s’étendre sur Jérusalem à cause des crimes de Juda : les riches et les grands y oppriment le peuple, les faux prophètes le trompent en le flattant par intérêt, les juges se laissent acheter, on oublie les exigences de l’Alliance. Sauf II, 12-13 qui semblent appartenir à la deuxième partie, ce ne sont que menaces, et Michée gémit sur la ruine entrevue. Cette parole ardente frappe vivement les esprits, nous apprend Jérémie XXVI, 18-19, si bien qu’Ézéchias, devenu roi en 716, entreprend sa réforme religieuse, avec l’aide de Michée et d’Isaïe.
2° IV – V : Cette réforme provoque en Juda espérance et joie, et le Prophète passe des menaces aux promesses de la gloire future. Cependant les épreuves ne sont pas terminées : IV, 6-13 paraissent se rapporter à l’invasion de Sennachérib, comme Isaïe XXIX – XXXIII ; sans doute Jérusalem en sera délivrée, mais Juda n’échappera pas à la captivité. Toutefois, les exilés seront libérés et leur petit reste se rassemblera à Sion ; les nations se convertiront au vrai Dieu et connaîtront la paix messianique ; le Messie, né à Bethléem, gouvernera en roi puissant et glorieux (V, 1-5 ; cf. Isaïe VII, 14) ; il triomphera des Assyriens et détruira les moyens de guerre et les idoles. Ce sera le règne du Seigneur.
3° VI – VII : Comment mériter et atteindre ce salut ? Dans un dialogue d’allure dramatique, Dieu institue le procès de son peuple. Ce sont de justes reproches qu’il lui adresse, avec une tendresse qui fait penser au livre d’Osée. Israël n’a pratiqué aucun des principes de la religion, ni respect du Seigneur, ni justice, ni miséricorde ; le châtiment et l’humiliation sont donc nécessaires. Mais Dieu pardonnera au peuple repentant ; sa peine aura un terme et il retrouvera le bonheur perdu, l’amitié divine et la pureté de l’âme.