Ces vingt et un versets, de structure homogène, forment le livre le plus court de l’Ancien Testament. Les versets 1-7 décrivent l’humiliation et la dévastation imminentes du royaume d’Édom ; après les versets 8-10, qui résument l’idée générale, le Prophète explique la cause de cette ruine annoncée, à savoir l’aide fournie par Édom aux ennemis d’Israël (11-14). Ces faits symbolisent le Jour de Yahweh (cf. Introduction à Joël) : alors, Édom et les nations païennes seront détruites ; mais le reste d’Israël, rassemblé autour de Sion, deviendra le noyau du Royaume de Dieu, sur lequel le Seigneur régnera à jamais (15-21).
Le point de départ de ce petit chant lyrique est donc un danger qui menace Édom. Celui-ci, vassal de Juda depuis David jusqu’à Joram (848-841), soumis de nouveau par Amasias (796-781), profita de la ruine de Jérusalem en 586 pour piller et occuper le sud de Juda. Les Édomites subissaient d’ailleurs la pression des Arabes nabatéens ; ces derniers devaient occuper Pétra vers la fin du VIe siècle, et leurs incursions finiraient par aboutir à la ruine d’Édom.— On comprend donc que ce peuple ait encouru les justes menaces des prophètes : Ézéchiel XXV, 14-25 et XXXV ; Psaume CXXXVII, 6, etc., et particulièrement Jérémie XLIX, 7-22 : passage qui accuse des rapports étroits avec les dix premiers versets de notre livre. De là un problème, dont on propose deux solutions : ou bien l’oracle contre Édom aurait été inséré dans le livre de Jérémie, sous l’influence du livre d’Abdias ; ou plutôt, parce que ce dernier présente un ordre meilleur et une forme plus primitive, les deux prophètes auraient utilisé un même oracle ancien.
La citation probable du verset 17 par Joël IV, 5, l’enseignement eschatologique d’Abdias et son esprit xénophobe, la mention du châtiment d’Édom par Malachie I, 2-5, évoquent le Ve siècle, peut-être en sa première moitié : c’est alors que commence de se manifester ce particularisme sioniste, qui marque déjà la prophétie d’Aggée, qui caractérise la réforme d’Esdras et de Néhémias, et se retrouve dans Joël.