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Le canon des divines Écritures met au nombre des livres saints les écrits des dix-sept auteurs suivants, auxquels par distinction il donne le titre de prophètes, parce que, selon l’idée générale de ce nom, ces saints, comme beaucoup d’autres, non-seulement ont reçu de Dieu le don de science et de sagesse pour instruire les hommes, qu’ils ont prêché et expliqué la loi, mais parce qu’en particulier ayant été instruits par une inspiration singulière et toute divine, ils ont prédit ce qui devait arriver dans le cours des siècles, et ont annoncé ce qui devait s’accomplir à la fin des temps. De ces dix-sept prophètes, Baruch est compris avec Jérémie, et on en fait communément deux classes : l’une qui contient les quatre grands prophètes, et l’autre les douze petits. La première de ces deux classes contient les écrits de ceux qui se sont le plus étendus, et dont les prophéties sont plus longues ; et la seconde comprend ceux dont les prophéties sont plus courtes et moins étendues. Les Grecs placent les douze petits les premiers, parce que plusieurs d’entre eux sont plus anciens que les grands ; mais les Latins, au contraire, mettent les prophéties des quatre grands prophètes les premières, comme étant plus considérables par leur étendue et par les sujets qu’elles renferment. Les Hébreux entre ceux-ci n’en comptent que trois, parce qu’ils n’y comprennent pas Daniel. A l’égard du rang qu’on leur a donne dans chacune de ces deux classes, on a suivi l’ordre des temps, et c’est pour cette raison que dans la première Isaïe précède Jérémie, et qu’Osée est le premier dans la seconde ; car, autant qu’on le peut conjecturer par les dates et les faits qui sont rapportés dans ces prophéties, voici le rang qu’on leur peut donner selon l’ordre chronologique : Osée, Joël, Amos, Isaïe, Jonas, Abdias, Michée, Nahum, Jérémie et Baruch, Sophonie, Habacuc, Daniel, Ézéchiel, Aggée, Zacharie et Malachie. C’est ce que l’on a marqué plus exactement dans les tables chronologiques, par lesquelles il est évident qu’on peut réduire tout le temps de ces dix-sept prophètes à environ quatre cents ans, à commencer depuis l’an du monde 3174, qu’Azarias, autrement Ozias, roi de Juda, commença à régner, jusqu’en l’an du monde 3581, c’est-à-dire jusqu’au commencement du règne d’Ochus, dit Darius Nothus, fils d’Artaxerxès Longue-Main, dont Néhémie a parlé comme en passant, II Esdras, chap. XII, v. 22, et qui commença à régner vers la fin de la première année de la 89e olympiade, et à peu près dans le même temps que prophétisait Malachie, le dernier des prophètes, auquel temps le temple et la ville de Jérusalem venaient d’être rebâtis.

Il n’y a aucune raison de soupçonner que ces prophéties ne soient en effet l’ouvrage de ces dix-sept auteurs, puisque non-seulement il n’y a aucune d’elles qui ne porte le nom de son auteur, mais encore parce que l’on n’y trouve aucune circonstance qui puisse fournir quelque prétexte d’en douter.

Quelques interprètes prétendent que ces prophéties étaient publiées verbalement au peuple par les prophètes, d’une manière plus étendue ; qu’ensuite ils les réduisaient eux-mêmes à des écrits sommaires qu’ils affichaient aux portes des lieux destinés à la prière, lorsqu’ils ne le pouvaient faire à la porte du temple ; qu’ensuite elles étaient ôtées pour être mises dans les archives publiques, afin de les conserver à la postérité. Dans la préface qui est à la tête du Commentaire sur les quatre grands prophètes, ouvrage attribué à Dorothée de Tyr, qui vivait sous Constantin le Grand, il est dit que la plupart des prophètes n’ont pas écrit eux-mêmes leurs prophéties, mais que les scribes publics qui demeuraient dans le temple, écrivaient chaque jour ce que les prophètes prêchaient, et qu’ainsi on ne doit pas s’étonner si, par l’erreur et la faute des scribes, l’on y trouve de l’obscurité, par des omissions considérables, par le peu d’ordre et le peu de suite qu’il y ont observés ; mais au fond il faut avouer qu’on ne peut rien savoir d’absolument certain touchant la manière dont toutes ces prophéties ont été recueillies par les Juifs : l’Écriture ne nous en dit rien, n’y ayant eu aucun auteur contemporain qui ait eu soin de nous en instruire. Ainsi il suffit de savoir que ces prophéties ont été conservées par les Juifs, et mises par Esdras dans le canon des livres saints, et reçues ensuite universellement de toute l’Église.

Isaïe, l’un des quatre grands prophètes, est le premier d’entre eux, non-seulement selon l’ordre du temps, mais encore par la sublimité de ses révélations, et par la noblesse de sa naissance, étant fils d’Amos, frère d’Amasias, et petit-fils de Joas, tous deux successivement rois de Juda. Les dons qu’il reçut de la nature et de la grâce l’ont rendu très-recommandable entre les écrivains sacrés ; et Jésus, fils de Sirach, auteur du livre de l’Ecclésiastique, dit de lui, qu’il fut un grand prophète, et fidèle aux yeux du Seigneur ; qu’il vit la fin des temps par un grand don de l’Esprit ; qu’il consola ceux qui pleuraient en Sion ; qu’il prédit ce qui devait arriver jusqu’à la fin des temps, et qu’il découvrit les choses secrètes avant qu’elles arrivassent.

Ce prophète a commencé ses prophéties l’an 25 du règne d’Ozias, l’an du monde 3219, selon la chronologie, et a continué sous Joathan, sous Achaz, et sous Ézéchias, rois de Juda, comme il le dit lui-même au chap. I, v. 1 ; et il est mort en la première année du règne de Manassé, par l’ordre duquel, selon la tradition juive, et le rapport de saint Justin, de Tertullien, d’Origène, de Théodoret, de saint Basile, de saint Épiphane et de saint Jérôme, il fut scié en deux avec une scie de bois, pour avoir repris ce prince de ses désordres, et l’avoir comparé, lui et quelques-uns de ses prédécesseurs, au prince de Sodome et de Gomorrhe. Ainsi il paraît qu’il a prophétisé plus de quatre-vingt-six ans, c’est-à-dire jusqu’en l’année du monde 3305, ou environ, et par conséquent qu’il a vécu plus de cent dix ans. La pureté de son style, la noblesse de ses expressions, la beauté de sa diction, l’élégance et le choix heureux des figures, des similitudes, et des comparaisons dont il a orné ses prophéties, sont les preuves de son illustre naissance, et des soins qu’on avait eus de son éducation. La sublimité de ses prophéties et la profondeur de ses révélations, qui lui ont donné la connaissance des événements les plus éloignés et des plus impénétrables mystères de la religion, prouvent qu’il a été divinement inspiré et rempli des lumières de l’Esprit-Saint.

Ces prophéties ne contiennent pas seulement des instructions et des réprimandes contre les dérèglements dans lesquels presque tous les Juifs de son temps étaient tombés, mais encore plusieurs faits historiques qui servent à justifier les reproches qu’il leur faisait, et des prédictions particulières et positives touchant l’état futur des Juifs et le règne des Assyriens, des Babyloniens, des Philistins, des Damascéniens, des Égyptiens et des Iduméens leurs voisins, auxquels, par un enchaînement nécessaire, le sort des Juifs se trouvait indispensablement attaché. Ce saint prophète y prédit clairement la prise de Jérusalem, la captivité de Babylone, le retour des Juifs, leur rétablissement sous Cyrus, en le nommant par son nom plus de deux cents ans avant qu’il fût né ; mais principalement la naissance de Jésus-Christ dans le sein d’une Vierge, les principales circonstances de sa vie, de sa mort et de sa résurrection, la vocation des gentils à l’Évangile, et l’établissement du règne de Jésus-Christ sur toute la terre ; et cela si clairement, que saint Jérôme n’a pu se dispenser de dire qu’il ne fallait pas considérer Isaïe comme un prophète, mais comme un évangéliste, puisqu’il semblait plutôt réciter des histoires déjà accomplies, que prédire des événements futurs.


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