Introduction à Sophonie
3 chapitres
1. Son auteur et sa date
Le nom Sophonie signifie : « L’Éternel a protégé (caché) ». Sophonie est le seul prophète qui mentionne quatre générations de ses ancêtres. De nombreux chercheurs croient trouver dans son aïeul Ézéchias le roi du même nom, Ézéchias de Juda (716-687 av. J.C.). Selon ses propres indications dans le premier chapitre (v. 1), Sophonie exerça son ministère au temps du roi Josias (640-609 av. J.C.). La période intermédiaire paraît bien courte pour abriter quatre générations, mais, d’un autre côté, la particularité de la descendance royale du prophète pourrait constituer une explication valable à la présence de cet « arbre généalogique » ; ce dernier point se trouve confirmé par la tradition judaïque.
Sophonie vivait à Jérusalem, la capitale (comp. Soph. 1.1, 4, 10, 11, 12), et avait ses entrées à la cour royale. Les prophètes Nahum, Habakuk et Jérémie étaient ses contemporains.
On peut déduire du chapitre 2 (v. 13) que Sophonie a prophétisé avant la chute de Ninive en 612 av. J.C. Plusieurs chercheurs pensent que la prophétie de Sophonie fut même prononcée avant la réforme du roi Josias. Celle-ci commença lors de la dix-huitième année de ce roi, c’est-à-dire en 622 av. J.C. environ. L’hypothèse est appuyée par des passages tels que Sophonie 1.4-6, 8, 9, 12 ; 3.1-3, 7. Il est possible que, par son ministère, Sophonie ait été à l’origine de ce retour du roi Josias et du peuple juif (comp. 2 Rois 22 ; 23 ; 2 Chron. 34 ; 35). Sous le roi Ézéchias déjà, un retour à l’Éternel s’était produit, mais pendant les règnes impies de Manassé et d’Amon, tout le bien avait été perdu à nouveau.
2. Son but
Sophonie est un prophète de jugement. Il annonce la dévastation imminente du pays et la destruction de Jérusalem en raison de l’injustice, de l’hypocrisie et de l’idolâtrie de Juda (chap. 1). Cette prophétie trouva son accomplissement en 586 av. J.C. Par conséquent, une exhortation est adressée au résidu fidèle du peuple afin qu’il cherche l’Éternel lorsque les nations proches et lointaines seront en butte à la colère de l’Éternel (chap. 2). En contraste avec l’état corrompu du moment, nous trouvons, au chapitre 3, la description de la bénédiction future du peuple.
La lecture complète du livre de Sophonie permet de discerner clairement que la vision du prophète s’étend bien au-delà de la destruction imminente de Jérusalem ; elle conduit jusqu’au jour terrible de l’Éternel, le jour de sa colère et de son jugement, qui toutefois sera suivi par la bénédiction du règne millénaire de paix.
3. Ses particularités
a) Le jour de l’Éternel
Le jour de l’Éternel est mentionné dans les passages suivants du livre de Sophonie :
Chap. 1.7 | | Le jour de l’Éternel |
Chap. 1.8 | | Le jour du sacrifice de l’Éternel |
Chap. 1.10 | | Ce jour-là |
Chap. 1.14 | | Le grand jour de l’Éternel |
Chap. 1.15, 16 | | Le jour de fureur, de détresse et d’angoisse |
Chap. 1.18 | | Le jour de la fureur de l’Éternel |
Chap. 2.2 | | Le jour de la colère de l’Éternel |
Chap. 2.3 | | Le jour de la colère de l’Éternel |
Chap. 3.8 | | Le jour où je me lèverai pour le butin, dit l’Éternel |
Chap. 3.11 | | Ce jour-là |
Chap. 3.16 | | Ce jour-là |
Dans la prophétie de Sophonie, une place particulière est conférée au jour de l’Éternel. Par cette expression, l’auteur n’évoque pas la période pour lui imminente de la destruction de Jérusalem; il parle d’une époque qui est maintenant encore à venir, celle de la domination du Messie. Commençant par l’apparition du Seigneur pour exercer le jugement sur les nations, ce temps englobe encore le règne millénaire de paix qui suivra. Dans le Nouveau Testament, cette période est appelée le jour du Seigneur (2 Thess. 2.1), qu’il convient toutefois de ne pas confondre avec le premier jour de la semaine, nommé en Apocalypse 1.10 la « journée dominicale » (littéralement, le jour appartenant au Seigneur). Dans l’Ancien Testament, le jour de l’Éternel est présenté en général sous l’aspect du jugement (comparer : Le livre du prophète Joël, 3. Ses particularités).
b) Sophonie et les autres prophètes
Le livre de Sophonie présente un nombre particulièrement élevé de ressemblances avec d’autres écrits prophétiques de l’Ancien Testament. Ces similitudes démontrent l’harmonie divine qui existe entre les prophéties d’hommes très différents les uns des autres, ayant vécu à des périodes tout à fait distinctes, mais qui présentaient toujours l’unique but de Dieu: la gloire du Messie et de son peuple terrestre Israël pendant le Millénium, ainsi que les événements qui y conduisent.
Voici quelques-uns des parallèles ; la liste n’est sans doute pas exhaustive :
Sophonie | | Ésaïe |
|
Sophonie 1.7 | | Ésaïe 13.6 ; 34.6 |
Sophonie 1.13 | | Amos 5.11 |
Sophonie 1.14-16 | | Joël 2.1, 2 |
Sophonie 1.15 | | Ésaïe 22.5 |
Sophonie 2.13-15 | | Ésaïe 34.13-15 |
Sophonie 3.10 | | Ésaïe 18.1, 7 |
Sophonie 3.12 | | Ésaïe 14.32 |
Sophonie 3.19 | | Michée 4.6, 7 |
Contemporain de Sophonie, Jérémie donne une description historique et morale de la chute de Juda. Dans son court écrit, Habakuk, lui aussi un contemporain, se rapproche davantage du point de vue moral de Jérémie, tandis que Sophonie présente en peu de mots les événements historiques de la chute de Juda et de Jérusalem.
4. Analyse succincte de son contenu
I. Sophonie 1.1 à 2.3 : | L’invasion imminente : une image du jour de l’Éternel |
|
II. Sophonie 2.4-15 : | Jugement sur les nations voisines de Juda |
|
III. Sophonie 3.1-20 : | Péché actuel de Jérusalem et bénédiction future. |
Tiré de « Vue d’ensemble de l’Ancien Testament »,
Arend Remmers, EBLC Chailly-Montreux Suisse.