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Les sept Épîtres suivantes ont été appelées CATHOLIQUES, c’est-à-dire universelles, par tous les anciens Pères grecs, et par la plupart des Pères latins, parce qu’elles ne sont pas adressées à des Églises ou à des personnes particulières, comme celles de l’apôtre saint Paul, mais à des Églises entières et à tous les fidèles indistinctement. Cependant on en doit excepter la seconde et la troisième Épître de saint Jean, qui sont écrites à des particuliers ; ce qui n’a pas empêché qu’on ne les ait comprises sous le même titre que celles auxquelles ce nom convient particulièrement. On a donné aussi à ces mêmes lettres le nom de Canoniques, non-seulement parce qu’elles contiennent un grand nombre de règles de morale, mais encore parce qu’elles sont comprises dans le canon des livres sacrés, et parce qu’elles contenaient la doctrine universellement reçue de toute l’Église. On rapportera sur chacune de ces lettres, en particulier, les preuves de leur canonicité, c’est-à-dire de l’acceptation que l’Église universelle en a faite, en les mettant au rang de ses livres canoniques ; il suffira d’ajouter ici qu’elles ont été mises dans l’ordre qu’elles ont à présent, tant par l’Église grecque que par l’Église latine ; qu’elles sont citées par saint Clément d’Alexandrie, Pœdag., lib. III, cap. XII ; par Eusèbe, Hist., lib. VI, cap. XI ; par Origène, Homil. II in Levitic., cap. II, et Hom. IX in Numer., cap. XVI et XVII, vers la fin ; par saint Cyrille de Jérusalem, Cateches. IV ; par saint Grégoire de Nazianze, par Amphiloque, par saint Athanase, Epist. ad Ammon. Monach., et dans la Synopse qui lui est attribuée ; par saint Jérôme, Epist. ad Paulin. ; par saint Augustin, lib. De fide et operib., n. 21 ; et par Innocent Ier, Epist. 3, ad Exuperium, cap. VII ; qu’elles sont placées dans les catalogues des conciles de Laodicée, can. LX, ann. 370 ; troisième de Carthage, can. XLVII, ann. 397 ; du concile de Rome, sous Gélase, ann. 494 ; par Eugène IV, dans sa lettre ad Armenos, rapportée dans le concile de Florence ; et enfin dans le concile général de Trente, session IV, de Canon. Script.

La première de ces sept Épîtres est celle de saint Jacques ; elle est écrite par cet apôtre aux Juifs nouvellement convertis et dispersés dans les diverses provinces du monde, afin non-seulement de les consoler dans leur exil et dans leur dispersion, de les exhorter à la patience, dans les afflictions et dans les tribulations auxquelles ils se trouvaient exposés ; mais pour les prévenir et les détromper de plusieurs erreurs que de faux apôtres tâchaient de leur insinuer, et surtout sur cette pernicieuse doctrine qu’ils leur débitaient, que la foi seule suffit sans les œuvres. C’est en effet le sujet principal de cette lettre ; et c’est dans ces vues que cet apôtre leur propose l’exemple de Job, afin qu’ils apprennent à se soumettre, comme ce saint patriarche, aux ordres et à la volonté de Dieu ; qu’il les avertit de mépriser tout ce qu’il y a de grand et d’agréable dans ce monde, pour s’attacher à acquérir les biens et les richesses éternelles ; de s’occuper à la prière, de veiller beaucoup sur eux-mêmes, de parler peu et d’éviter par le silence les maux infinis que les indiscrétions de la parole causent dans le monde. Ensuite il leur prouve la nécessité des bonnes œuvres, sans lesquelles la foi n’a point de vie ; il les encourage en leur faisant considérer le prix du don de la vocation de l’Évangile, et les invite à en remercier Dieu. Enfin il leur prescrit diverses règles pour se conduire saintement dans les divers états où ils se trouvent, et il les exhorte à inviter dans leurs maladies les prêtres à venir prier sur eux, et à leur appliquer l’onction sainte, afin d’attirer sur eux la bénédiction de Dieu, la rémission de leurs fautes et la guérison de leurs maux.

Le style de cette Épître est vif, touchant, les expressions fortes et énergiques, et les matières peu suivies ; en sorte qu’il paraît visiblement que cet apôtre n’y a voulu garder aucun ordre que celui d’exposer ses pensées naturellement, et comme elles lui sont venues sur-le-champ.

A l’égard de l’auteur de cette lettre, on ne peut disconvenir qu’il se nomme Jacques, et qu’il était un des apôtres, comme il est dit au premier verset du premier chapitre de cette Épître ; mais plusieurs ont douté si c’est Jacques, fils de Zébédée et frère de Jean, ou si c’est Jacques, frère de Jude, fils d’Alphée. La plus commune opinion et la plus vraisemblable, pour ne pas dire certaine, est que c’est Jacques, fils d’Alphée et frère de Jude, appelé le Mineur ou le plus jeune, qui est mis dans l’Évangile au nombre des frères ou cousins de Jésus-Christ, qui a été évêque de Jérusalem, et dont il est parlé, Actes, XV, II, et ailleurs. Voici les raisons ou les conjectures qui appuient ce sentiment : 1° c’est que la dispersion des Juifs dont parle cet apôtre, chap. Ier, v. 1, n’est arrivée que longtemps après la mort de Jacques, frère de Jean ; car celle qui arriva après la mort d’Étienne, Actes, VIII, 1, ne fut ni si générale ni si étendue ; et que Jacques le Majeur, frère de Jean et fils de Zébédée, est mort longtemps auparavant sous Hérode Agrippa, Actes, XII, 1 et 2 ; et qu’ainsi il n’a pu écrire aux douze tribus aux douze tribus dispersées dans toutes les parties du monde. 2° C’est que saint Jérôme, dans son Commentaire sur l’Épître aux Galates, chap. Ier, prétend, comme aussi saint Augustin, que l’auteur de cette Épître réfute de faux apôtres, qui, abusant de quelques expressions de saint Paul, dans son Épître aux Romains, soutenaient que l’on est pleinement justifié par la foi seule, sans les œuvres. Or c’est ce que n’a pu faire certainement saint Jacques, frère de Jean, puisque saint Paul n’avait pas encore commencé à prêcher l’Évangile lorsque cet apôtre souffrit le martyre ; et que, selon saint Irénée, lib. III, cap. I, les apôtres mêmes ne commencèrent à écrire que fort tard, outre que l’Épître aux Romains, dont il est ici question, n’a été écrite par l’apôtre saint Paul que vers l’an 58 de l’ère vulgaire ; d’où l’on a conclu que cette Épître n’a pas été écrite par Jacques, fils de Zébédée, mais par saint Jacques, fils d’Alphée et frère de Jude, trente-quatre ans après la mort de Jésus-Christ, l’an 67 de l’ère vulgaire ; et, selon d’autres, vers la fin de l’année 58, ou au commencement de l’année 59. Voyez Eusèbe, Hist., lib II, cap. XXII, vers la fin ; il met la mort de cet apôtre sous le règne de Néron, et Josèphe, Antiq., lib. XX, cap. VIII, n. 16, attribue la ruine de Jérusalem à la mort injuste de cet apôtre.


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