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Introduction à Daniel

12 chapitres

1. Son auteur et sa date

Le livre du prophète Daniel (son nom signifie : « Mon juge est Dieu ») doit son titre au personnage principal. Dans la première partie, comme beaucoup d’auteurs de l’Antiquité et de la Bible également, Daniel parle de lui à la troisième personne, mais dès la seconde partie, au verset 28 du chapitre 7, il passe à la première personne. Au chapitre 7 (v. 1), Daniel déclare qu’il écrivit le songe qui lui avait été révélé. Au dernier chapitre, le prophète doit cacher les paroles et sceller le livre (Dan. 12.4). Un tel commandement ne peut se rapporter qu’à l’ensemble de son livre.

Daniel faisait partie des Juifs qui furent emmenés à Babylone par Nebucadnetsar en 605 av. J.C., lors du premier siège de Jérusalem (comp. Dan. 1.1, 2 avec 2 Rois 24.1 et 2 Chron. 36.6, 7). Ainsi s’accomplissait la prophétie qu’avait donnée Ésaïe quelque cent ans auparavant au roi Ézéchias, annonçant que des descendants du roi de Juda seraient serviteurs du roi de Babylone (comp. Dan. 1.3 avec Ésaïe 39.5-7). Daniel appartenait aux nobles et descendants de la maison royale juive qui furent choisis pour assumer, après avoir reçu une instruction complète, un service à la cour chaldéenne. Au début de sa captivité, Daniel n’avait pas plus de quinze à vingt ans.

Par leur fidélité et leur fermeté, Daniel et ses trois amis, Hanania, Mishaël et Azaria, demeuraient des exemples dans l’environnement païen où ils se trouvaient. Les six premiers chapitres de ce livre décrivent cette fidélité celle de Daniel en particulier au milieu des circonstances les plus diverses de la vie.

Sous Nebucadnetsar, Daniel servit comme gouverneur sur la province de Babylone et grand intendant des sages de Babylone (Dan. 2.48). Après la mort de ce roi, nous n’entendons plus parler de Daniel jusqu’au temps de Belshatsar. Fils de Nabonide, Belshatsar régnait comme vice-roi en l’absence de son père. Daniel était déjà un vieillard à cette époque.

Après la conquête de Babylone par Darius le Mède (probablement Gubaru ou Gobryas), en 539/38 av. J.C., Daniel devint l’un des trois présidents qui dominaient sur les cent vingt satrapes de l’empire médo-perse (Dan. 6.2, 3).

La dernière date donnée, en Daniel 10.1, est celle de la troisième année du roi Cyrus de Perse, c’est-à-dire 536/35 av. J.C. Ainsi, Daniel avait entre quatre-vingt-cinq et quatre-vingt-dix ans lorsqu’il écrivit ses dernières visions.

Daniel était un contemporain d’Ézéchiel qui connut la captivité à Babylone environ huit ans plus tard, en 597 av. J.C. Dans son livre, Ézéchiel mentionne trois fois Daniel (Ezéch. 14.14, 20 ; 28.3). Daniel connaissait aussi les écrits du prophète Jérémie; ce dernier avait commencé son service quelques années avant les attaques des Babyloniens contre Jérusalem. En étudiant le livre de Jérémie, Daniel comprit que les soixante-dix ans de captivité annoncés allaient bientôt toucher à leur fin (Dan. 9.2).

Dans son discours sur les temps de la fin, à la montagne des Oliviers, parlant de la profanation du temple par l’Antichrist, le Seigneur Jésus mentionne expressément « Daniel le prophète » (Matt. 24.15 ; comp. Dan. 11.31 ; 12.11). En Matthieu 24.30 et 26.64 également, le Seigneur se réfère au verset 13 de Daniel 7.

En Hébreux 11, Daniel n’est pas cité nommément parmi les héros de la foi de l’Ancien Testament. Mais les paroles du verset 33, mentionnant ceux qui « par la foi fermèrent la gueule des lions », ne se rapporteraient-elles pas à Daniel, qui fut préservé dans la fosse aux lions (Dan. 6) ?

Dès les temps les plus reculés, les critiques incrédules s’en sont pris au livre de Daniel. Les premières attaques furent portées par le philosophe néoplatonicien païen Porphyre de Tyr (3e siècle apr. J.C.) ; dans son écrit dirigé contre les chrétiens, cet auteur considère le livre de Daniel comme l’œuvre d’un Juif du 2e siècle av. J.C. Les commentateurs modernes soutiennent des interprétations semblables. Ils avancent des arguments tels que de prétendues imprécisions historiques, des détails de langage et la « théologie » de Daniel pour ne pas reconnaître au prophète sa qualité d’auteur. Comme dans le cas d’Ésaïe, la cause principale de toutes les attaques doit sans doute être cherchée dans le fait que Daniel a prédit des événements historiques avec une exactitude incomparable. Par exemple, le prophète a décrit jusque dans les détails les combats entre Syriens et Égyptiens du temps des Maccabées (Dan. 11.1-35). Les critiques voient en cela une impossibilité. Un livre renfermant autant de détails doit avoir été écrit après les faits. Mais Daniel a aussi indiqué avec précision la date de la venue de Christ (Dan. 9.25). Enfin, il parle des événements encore futurs du temps de la fin avant la seconde venue de Christ. Tout ceci confirme clairement les paroles du prophète Amos : « Or le Seigneur, l’Éternel, ne fera rien, qu’il ne révèle son secret à ses serviteurs les prophètes » (Amos 3. 7).

2. Son but

Dans la bible hébraïque, le livre de Daniel est rattaché non pas aux Prophètes, mais aux « Ecritures » (en hébreu : ketubim), la troisième et dernière partie de l’Ancien Testament; il se trouve placé entre ceux d’Esther et Esdras. Une large portion du livre, à savoir les chapitres 2 (v. 4) à 7 (v. 28), est écrite en araméen, la langue administrative des Babyloniens et des Perses. Cela s’explique sans doute par le fait que, contrairement aux autres prophètes qui ont vécu pendant ou après l’exil, Daniel a prophétisé principalement sur des nations païennes, et peu au sujet d’Israël et de Juda. Les quatre puissances ayant dominé l’histoire universelle après la chute de Jérusalem, et qui la domineront jusqu’à l’apparition de Christ avant le Millénium, constituent le grand thème du livre de Daniel. Dans le Nouveau Testament, cette période est appelée les « temps des nations » (Luc 21.24). L’Éternel ne pouvait plus reconnaître son peuple terrestre Israël, respectivement Juda. Il châtia les siens par la captivité à Babylone, et par la destruction de Jérusalem et du temple. Il avait quitté sa demeure, le temple (Ezéch. 10.4, 18 ; 11.23). Le Dieu des cieux et de la terre (Gen. 14.19) s’était en quelque sorte retiré dans le ciel. Dans le livre de Daniel, il est appelé quatre fois le Dieu des cieux (Dan. 2.18, 19, 37, 44), une fois le roi des cieux (Dan. 4.37) et une fois le Seigneur des cieux (Dan. 5.37). Pendant cette période où il domine de façon indirecte, Dieu remet le pouvoir sur la terre entre les mains des nations païennes, et cela jusqu’au moment où son Oint, le Seigneur Jésus, comme Fils de l’homme glorifié, dominera sur le monde.

Daniel donne une vue d’ensemble prophétique sur les temps des nations, c’est-à-dire des quatre empires universels : babylonien, médo-perse, grec et romain. A la fin, après l’échec complet de l’exercice de la puissance par ces empires, le peuple d’Israël sera reçu à nouveau par Dieu, et Christ régnera comme roi sur tout.

Le livre de Daniel revêt un intérêt particulier pour nous chrétiens parce que les temps dans lesquels nous vivons actuellement y sont décrits.

Le livre se divise en deux grandes parties. Dans la première (Dan. 1 à 6), après la présentation d’un résidu fidèle (Dan. 1), nous trouvons une description de différents événements historiques concernant la vie de Daniel. D’abord, le chapitre 2 place devant nous le songe de Nebucadnetsar et l’interprétation qu’en donne Daniel. Ce songe contient la vision humaine qu’a eue Nebucadnetsar des quatre empires universels: une statue imposante. Les chapitres suivants (Dan. 4 à 6) montrent non seulement la fidélité exemplaire de Daniel et de ses amis, mais aussi les différentes caractéristiques des empires païens dont la pleine manifestation est pour les temps de la fin. Le chapitre 3 présente l’idolâtrie, le chapitre 4, l’orgueil humain, le chapitre 5, le blasphème et le chapitre 6, la déification de l’homme.

La seconde partie commence, en Daniel 7, par une deuxième révélation concernant les quatre empires universels, mais cette fois, d’un point de vue divin: les royaumes ont l’aspect de bêtes sauvages. Le chapitre 8 traite des deuxième et troisième empires, le chapitre 9, de la fin de la captivité babylonienne et du Messie, les chapitres 10 et 11, des rois du Nord (Syrie) et du Midi (l’Égypte), et le chapitre 12 forme la conclusion : il s’adresse de nouveau au résidu fidèle.

D’étroites relations existent entre Daniel et les révélations du Nouveau Testament concernant l’avenir. Matthieu 24 et 25, 2 Thessaloniciens 1 et 2 et l’Apocalypse représentent un complément, respectivement un élargissement des révélations que Daniel reçut. Seuls ceux qui considèrent ces prophéties dans leur ensemble pourront comprendre correctement les événements futurs.

3. Ses particularités

a) Les soixante-dix semaines d’années

Les versets 24 à 27 de Daniel 9 donnent des indications précises concernant l’époque de l’apparition du Messie. Après « soixante-dix semaines », c’est-à-dire après des périodes comptant chacune sept années (= « semaines d’années », comp. Lév. 25.8), il en sera fini avec les péchés, la justice éternelle sera introduite et le saint des saints sera oint. Les soixante-dix semaines d’années se divisent en trois périodes : sept semaines (= quarante-neuf années), soixante-deux semaines (= quatre cent trente-quatre années) et une semaine (= sept années), à savoir un total de quatre cent quatre-vingt-dix ans.

Le point de départ de ces quatre cent quatre-vingt-dix ans se situe lors du commandement de rebâtir la ville de Jérusalem. Cet ordre fut donné en 445 av. J.C., la vingtième année du roi Artaxerxès (Néh. 2)*. Puis le prophète parle de sept semaines, c’est-à-dire quarante-neuf ans; pendant ce laps de temps, malgré de grandes menaces venant de l’extérieur et de l’intérieur, Jérusalem fut rebâtie. C’est en partie le sujet du livre de Néhémie. Les soixante-deux semaines ou quatre cent trente-quatre années évoquées ensuite conduisent jusqu’au Messie. Toutefois après les soixante-neuf semaines, à savoir après quatre cent quatre-vingt-trois ans, le Messie serait retranché et n’aurait rien. [Selon une tradition plus ancienne, le commandement d’Artaxerxès fut donné en 455 av. J.C. Si l’on soustrait 483 ans, on arrive à l’an 28 apr. J.C.]

Cela ne peut se rapporter qu’à la mort et à l’ascension du Seigneur Jésus. En considérant ces quatre cent quatre-vingt-trois ans comme des années prophétiques de trois cent soixante jours (douze fois trente jours), on obtient 173 880 jours qui, en raison des années bissextiles, donnent 476 années de calendrier et mènent jusqu’en 31/32 apr. J.C.

La dernière semaine d’années n’est pas encore accomplie. Il s’agit des sept ans qui précéderont l’instauration du Millénium. Entre la fin des soixante-neuf semaines d’années et le début de la soixante-dixième s’intercale la période actuelle de la grâce, au cours de laquelle le « calendrier d’Israël » n’est en quelque sorte pas en vigueur. La dernière semaine d’années de Daniel commencera après l’enlèvement des croyants. Selon Daniel 9.27, elle sera une fois encore partagée en deux. La seconde moitié de trois ans et demi est mentionnée plusieurs fois dans l’Apocalypse, soit comme « un temps, et des temps, et la moitié d’un temps » (Apoc. 12.14 ; comp. Dan. 7.25), quarante-deux mois (Apoc. 11.2 ; 13. 5) ou encore comme mille deux cent soixante jours (Apoc. 11.3 ; 12.6). En partant du principe selon lequel il s’agit toujours de la même période de trois ans et demi, on admet que ces « années prophétiques » comportent douze fois trente jours.

b) Les quatre empires universels

Selon Daniel 2 et 7, le Dieu des cieux considère l’histoire du monde d’un autre point de vue que l’homme. Pour Dieu, son peuple Israël représente le peuple le plus important de la terre (Deut. 32.8, 9), et le pays de Palestine est le nombril, c’est-à-dire le centre de la terre (Ezéch. 38.12). Pendant le temps du rejet d’Israël en tant que peuple, Dieu voit l’histoire du monde comme la succession de quatre grands empires universels: Babylone, la Perse, la Grèce et Rome. En Daniel 2, ces royaumes apparaissent au roi Nebucadnetsar sous la forme d’une imposante statue humaine, composée de quatre parties, mais qui finalement est anéantie par une pierre, sans intervention humaine. Dans le chapitre 7, Dieu donne une autre vision au prophète; les royaumes sont alors présentés comme des bêtes féroces, sauvages, sans intelligence, qui à la fin subissent leur jugement.

Daniel 2Daniel 7Explication
1.La tête d’orLe lion aux ailesBabylone d’aigle (Dan. 2.37, 38)
2.Poitrine et bras d’argentL’oursLa Perse (Dan. 5.28 ; 6.1)
3.Ventre et cuisses d’airainLe léopardLa Grèce (Dan. 8.20, 21)
4.Jambes de fer, pieds de fer et d’argileLa bête avec dix cornesL’empire romain
(comp. Apoc. 13.1 ; 17.3, 7, 12)

Rome, le quatrième empire, était en place lorsque Christ vint sur la terre (voir Luc 2.1). Cette puissance disparut au Moyen Age, mais, selon Apocalypse 17.8b, elle renaîtra au temps de la fin (« Elle [la bête] était, et elle n’est pas, et elle sera présente »), et sera anéantie avec les autres nations par Christ avant l’instauration du Millénium (Dan. 2.44, 45 ; 7.11-14 ; Apoc. 13 ; 19.19-21).

4. Analyse succincte de son contenu

I. Daniel 1, introduction : Décision de Daniel et réponse de Dieu
II. Daniel 2 à 6 : Le caractère des empires universels
Chapitre 2Les quatre empires universels : la vision humaine de Nebucadnetsar
Chapitre 3La statue d’or : idolâtrie
Chapitre 4L’orgueil, la chute et la restauration de Nebucadnetsar
Chapitre 5Le blasphème de Belshatsar et son jugement
Chapitre 6Daniel dans la fosse aux lions
III. Daniel 7 à 11 : Histoire prophétique des empires universels
Chapitre 7Les quatre empires universels : la vision divine de Daniel
Chapitre 8La Perse et la Grèce
Chapitre 9Humiliation de Daniel et le temps des soixante-dix semaines d’années
Chapitres 10 et 11Les rois du Nord et du Midi
IV. Daniel 12, conclusion : Le résidu fidèle.

Tiré de « Vue d’ensemble de l’Ancien Testament »,
Arend Remmers, EBLC Chailly-Montreux Suisse.


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