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Jean-Marc, l’auteur du second Évangile, ne paraît pas avoir connu le Sauveur. Il accompagna son cousin Barnabé et l’apôtre saint Paul dans leur première mission en Asie Mineure ; mais il les quitta au bout de quelque temps. Il en résulta un dissentiment avec Paul, auprès de qui cependant il rentra plus tard en grâce (Actes XIII, 5-13 ; XV, 38-39 ; Épître aux Colossiens, IV, 10 ; IIe à Timothée, IV, 11). Il est surtout connu comme le disciple et l’interprète de saint Pierre, qui l’appelle son fils dans sa première épître (V, 13), et dont, ainsi qu’en témoigne la tradition ancienne (Papias, saint Irénée, Clément d’Alexandrie), il mit par écrit l’enseignement donné aux fidèles de Rome.
L’Évangile de saint Marc est donc, en réalité, l’Évangile romain de saint Pierre. Il semble l’avoir reproduit avec une grande fidélité, car il donne l’impression très nette d’un témoin oculaire ; ses récits sont extraordinairement vivants, remplis de détails pittoresques (attitudes et sentiments des interlocuteurs, regards du Christ), écrits dans une langue gauche, un peu plébéienne, monotone dans ses procédés de rédaction, mais charmante dans sa simplicité et rendue alerte par l’emploi fréquent du présent historique. On s’en rendra compte aisément en comparant les épisodes de la fille de Jaïre (V, 21-43) et de la transfiguration (IX, 1-9) aux passages correspondants de saint Matthieu. C’est un homme du peuple qui parle, et un visuel ; ces traits conviennent parfaitement à Pierre dont le métier de pêcheur avait dû développer les dons naturels d’observation. La personne du chef des apôtres, avec son âme ardente et primesautière, impulsive et un peu présomptueuse, apparaît en grand relief. Pierre se dépeint au vif en racontant les événements dont il a été témoin ; en même temps son humilité éclate ; il omet ce qui serait glorieux pour lui, comme la promesse de la primauté, insiste au contraire sur les reniements et sur ce qui lui est défavorable. C’est bien ainsi qu’il devait parler de lui-même.
Sa prédication à Rome, telle qu’elle se reflète dans le second Évangile, s’attachait surtout aux actions et aux miracles du Sauveur, et laissait presque entièrement de côté les discours : les Romains étaient plus sensibles aux œuvres et aux prodiges qu’à un exposé doctrinal. Le seul discours rapporté en détail est l’annonce de la ruine de Jérusalem au chapitre XIII. Cet Évangile de la puissance et du miracle, qui au surplus met en égal relief l’humanité du Sauveur et sa filiation divine, était de nature à produire sur ses lecteurs une profonde impression.
Le plan suivi se retrouve
et la rencontre n’est pas fortuite
dans le petit discours de saint Pierre au centurion Corneille (Actes X, 34-43). C’est le plan dit quadripartite, suivi aussi par saint Matthieu et saint Luc : 1° prédication de Jean et baptême du Christ, 2° prédication de la Bonne Nouvelle en Galilée, 3° voyage de Galilée en Judée, 4° séjour à Jérusalem, passion et résurrection. Ce schème qui simplifiait les faits constituait un cadre commode pour l’enseignement ; saint Marc y dispose les événements en suivant en gros l’ordre chronologique.
Il a écrit son récit pendant la prédication de saint Pierre et de saint Paul à Rome, probablement entre 55 et 62. Sa source principale est la prédication orale de Pierre ; il est possible qu’il ait utilisé aussi l’Évangile araméen de saint Matthieu. Comme son contenu se retrouve presque intégralement dans saint Matthieu et saint Luc, il a été peu commenté. Il est permis de le regretter. Quiconque se familiarisera avec lui y admirera en Jésus, Fils de Dieu, la manifestation d’une énergie divine transformatrice du monde et inspirée par l’amour.

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