Amos, comme il le rapporte lui-même, était un des pâtres ou bergers de la ville de Thécué, située dans la tribu de Juda, à deux lieues environ de Bethléhem ; selon d’autres, dans la tribu de Zabulon. Il fut appelé à la dignité de prophète lorsqu’il menait paître ses bœufs, et qu’il ne se nourrissait que de figues sauvages. Il exerça ce ministère non-seulement à l’égard des deux tribus de Juda et de Benjamin, mais aussi à l’égard des dix tribus schismatiques ; et ce fut à leur occasion qu’il fut accusé devant Jéroboam, roi d’Israël, comme perturbateur du repos public, par Amasias, prêtre de l’idole de Béthel, et qu’il fut défendu de continuer ses prophéties ; mais, préférant l’ordre de Dieu à celui des hommes, il ne cessa point de parler contre les désordres publics. Il prédit le renversement du royaume d’Israël, la destruction de Samarie et de Jérusalem, les châtiments que Dieu devait exercer ensuite contre les Gentils, et en particulier contre les villes de Damas, de Gaza, d’Ascalon, d’Azot, d’Accaron, et de Tyr ; contre les Moabites, les Ammonites, et les peuples Théman ; enfin il consola les Israélites par la promesse de leur rétablissement et de celui de Jérusalem, et du règne de Jésus-Christ.
Ce prophète a marqué lui-même le temps auquel il a commencé ses prophéties, et il dit que Dieu l’appela à cette fonction sous Ozias, roi de Juda, et sous Jéroboam, fils de Joas, deux ans avant le tremblement de terre ; mais cette dernière circonstance a partagé les sentiments des interprètes. Les uns prétendent que ce tremblement de terre a rapport au temps où Ozias, roi de Juda, surnommé Azarias, fut frappé de la lèpre, IV Reg., XV, 5 et II Paralip., XXVI, 19 et 21. Mais ils n’ont pas remarqué qu’Ozias était déjà fort avancé en âge lorsque Dieu le punit de la témérité qu’il avait eue de vouloir lui-même brûler l’encens sur l’autel des parfums ; et qu’alors Joathan, son fils, prit le gouvernement du royaume. Or il paraît, par l’Écriture, que Joathan est né cinq ans après la mort de Jéroboam ; ainsi ce tremblement, arrivé sous Jéroboam, ne peut se rapporter aux dernières années de la vie d’Ozias, mais à celles du commencement de son règne. D’autres ont prétendu que ce tremblement est celui qu’Isaïe a décrit lorsqu’il vit le Seigneur assis sur son trône, chap. VI. Mais Théodoret réfute ce sentiment par Isaïe même, qui assure qu’il n’a eu cette vision qu’après la mort d’Ozias ; ce qui est directement contraire à ce que dit Amos, que ce fut sous le règne de Josias et de Jéroboam. Le sentiment donc plus vraisemblable est qu’Amos a prophétisé l’an 23 ou 24 du règne d’Ozias, qui en a régné cinquante-deux, et sur la fin du règne de Jéroboam second, vers l’an du monde 3216 ou 3217 ; et Théodoret soutient que ce prophète a été contemporain d’Osée et de Joël ; et il est cité dans le livre de Tobie, chap. II, v. 6.
Plusieurs, se laissant prévenir par l’état vil et bas dans lequel a vécu ce prophète, ont conclu que son style était rustique, dur, sec, et peu poli ; qu’il se servait de comparaisons basses et conformes à son emploi ; mais ces sortes de jugements ne sont pas toujours justes ; car certainement les comparaisons dont il se sert ne sont pas fort différentes de celles des autres prophètes, et l’on peut disconvenir qu’il n’y ait bien de la beauté et bien de la noblesse dans le tour et les manières dont il décrit la toute-puissance du Créateur, de même que dans la peinture qu’il fait du luxe, de la mollesse et des désordres des Juifs de son temps. Et saint Augustin, dans le livre de la Doctrine chrétienne, se sert du v. 1 du chap. VI d’Amos, pour prouver que le Saint Esprit a rempli d’éloquence ceux mêmes qu’il a choisis d’entre les états les plus vils pour annoncer sa parole.