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Le second des quatre grands prophètes est Jérémie, qui dit lui-même qu’il est le fils d’Helcias, originaire d’une famille sacerdotale qui demeurait en la ville d’Anathoth, en la tribu de Benjamin, chap. I, v. 1 ; que Dieu le sanctifia dans le sein de sa mère, et qu’il le destina dès lors à aller prêcher sa loi aux Juifs et aux Gentils, ibid., v. 5 et Eccli., chap. XLVI, v. 9 ; qu’il commença d’en exercer la fonction dans un âge très-jeune, et après s’être plusieurs fois excusé sur sa trop grande jeunesse, ibid., chap. I, v. 6, 7 et 8 ; qu’enfin il obéit lorsque Dieu, lui ayant ouvert la bouche, lui promit de lui inspirer les vérités qu’il devait annoncer au peuple, ibid., v. 9 et 10. Saint Jérôme croit qu’il commença sa mission à l’âge d’environ quinze ans ; ainsi il exerça ce ministère pendant quarante-cinq ans, depuis la treizième année du règne de Josias jusqu’à la cinquième après la ruine de la ville et du temple de Jérusalem, sous cinq rois consécutifs ; c’est-à-dire l’an du monde 3375 jusqu’en l’an 3420 : ce qu’il n’a pu exécuter sans s’exposer à de terribles persécutions, Eccli., chap. XLIX, v. 9 ; car il dit lui-même qu’il fut persécuté par les rois, par les faux prophètes, et par les habitants mêmes de sa propre ville, qui formèrent plusieurs fois le dessein de l’assommer à coups de bâton et de l’empoisonner : en effet, il fut à plusieurs reprises battu, prisonnier, et près de perdre la vie. Voyez chap. XI, v. 16 et suiv., et chap. XX, XXVI, XXX et XXXVII. Enfin il fut emmené captif en Égypte par les Israélites mêmes ; et la tradition ancienne ajoute qu’il fut lapidé à Taphnis, et enterré dans le lieu où Pharaon avait demeuré. Voyez Tertul., lib. Scorpi. Saint Épiphane, et l’auteur de la Vie et la Mort des Prophètes, et quelques Pères, assurent qu’il a gardé toute sa vie la virginité ; ce qu’ils appuient par cet endroit du chap. XVI, v. 2, où le Seigneur dit : Vous ne prendrez point de femme, et vous n’aurez point de fils et de filles. Voyez saint Ignace, Epist. ad. Philad., et saint Jérôme. Après sa mort, il apparut tout éclatant de gloire et de majesté à Judas Machabée, à qui le saint pontife Onias dit en lui montrant le prophète : C’est l’ami véritable de ses frères et du peuple d’Israël, c’est là Jérémie, le prophète de Dieu, qui prie beaucoup pour ce peuple et pour toute la ville sainte, II Mach., chap. XV, v. 13.

Il paraît que le prophète Jérémie a écrit lui-même ses prophéties ; et il nous apprend, chap. XXXVI, que Joachim, roi de Juda, ayant brûlé le premier recueil qu’il en avait fait, il en fit un second beaucoup plus complet, qu’il fit écrire par Baruch, son disciple ; mais d’un style encore plus vif et plus fort ; et à ce recueil il a encore joint d’autres prophéties contre Babylone, dont il prédisait la ruine, et il les envoya à Sarajas, fils de Nérias, chap. I et II. En effet, ses prophéties finissent au verset dernier du chap. LI ; ce qui fait croire que le chap. LII était d’un autre auteur, peut-être de Baruch son disciple, ou plutôt d’Esdras, et de l’auteur du quatrième livre des Rois, d’autant que c’est un extrait mot pour mot des dix-huit derniers versets du chap. XXIV et des versets 1 et suivants du chap. XXVII de ce livre. Dans ces différentes prophéties, Jérémie reprend avec véhémence les désordres du peuple Juif, ceux des princes des prêtres et des faux prophètes : à ces derniers il reproche leur faiblesse, leur lâcheté leur avarice ; aux premiers jours leurs infidélités, leur idolâtrie et leur indocilité, et il assure que tous ont prévariqué, qu’il n’y a plus de justes, qu’ils ne peuvent plus entendre les remontrances des prophètes ; et, sous diverses paraboles très-vives, il les instruit, leur représente les châtiments dont Dieu s’est servi pour punir leurs pères, lors même qu’ils vivaient sous la protection de Moïse et de Samuel. Il les pique d’émulation par les exemples des Récabites, et par les bénédictions que Dieu répand sur eux ; afin de les porter à faire pénitence, il leur déclare qu’il gémit jour et nuit sur leurs désordres, et qu’il offre continuellement ses prières à Dieu, afin qu’il leur pardonne : tantôt il les menace de la peste, de la famine, de la guerre, et de la ruine de leur pays, et d’une captivité de soixante-dix années. Il prédit nommément la captivité de Sédécias, la mort de Joachim et celle de Jéchonias, son fils ; ensuite il console les justes et ceux qui se convertiront, par l’espérance que cette ruine ne sera pas universelle ; que Dieu les délivrera de tous ces maux, qu’il fera avec eux une nouvelle alliance qui durera éternellement : c’est de celle de Jésus-Christ qu’il veut parler ; qu’enfin Dieu se vengera de ses ennemis et de ceux de son peuple ; que l’Égypte sera désolée ; que les Moabites, les Ammonites, les Iduméens, etc., seront détruits par les Babyloniens, et que les Babyloniens à leur tour seront défaits par les puissances du Nord. C’est ainsi qu’il consola par ses écrits ses frères qui étaient en captivité ; car, après que la ville eût été brûlée, il aima mieux, quoiqu’il fut chez les Chaldéens dans une estime et une vénération particulières, retourner avec les plus pauvres en sa patrie ruinée.

Saint Jérôme dit qu’autant ce prophète paraît aisé et simple dans ses paroles, autant il est profond par la majesté du sens qu’elles renferment. Quelques modernes ont prétendu que Jérémie, né et élevé, pour ainsi dire, dans un village, y avait contracté des habitudes vulgaires, qu’ainsi on ne doit pas s’étonner que ses expressions soient basses et rustiques ; mais il n’est pas vraisemblable que ce prophète, né d’une race sacerdotale, à trois milles tout au plus de Jérusalem, c’est-à-dire à une lieue ou environ, n’y ait pas reçu une éducation proportionnée à la dignité de son ministère ; que si Baruch, son disciple et homme de qualité, lui a prêté sa plume, comme quelques-uns l’on cru, toute supposition de rusticité en ce prophète s’évanouit et n’est pas soutenable. Ceux qui s’appliqueront à le lire dans les sources ne trouveront pas qu’Isaïe ait sur lui tous les avantages qu’on veut bien supposer ; les expressions en sont aussi vives, les comparaisons aussi naturelles et aussi justes, les pensées aussi sublimes ; et même on peut ajouter que dans le dernier on trouve plus de force et un air plus pathétique. A l’égard de ce qu’on lui reproche en particulier, comme des suspensions de sens, des phrases trop entrecoupées, des expressions louches et ambiguës, le singulier pour le pluriel, un temps pour un autre, du décousu dans le discours, peu d’ordre dans la narration ; ce sont vices communs à tous les autres, et style ordinaire aux anciens ; et peut-être ne se trouvent-ils tels à notre égard que parce que nous ignorons encore aujourd’hui les propriétés et les délicatesses de leur langue. A l’égard du désordre, il est évident que la plupart des mêmes prophètes n’ont pas toujours suivi dans leurs recueils l’ordre des temps ; cet ordre même a paru très-arbitraire, puisque les Septante, dans l’arrangement de leurs chapitres, en ont suivi un autre que celui de l’hébreu, sans que l’on puisse en deviner la raison.

Le rabbin Mosus Kimchi, Procopius Gasæus, et d’autres, avec Sixte de Sienne, soutiennent que Jérémie a écrit le troisième et quatrième livre des Rois, et c’est peut-être la raison pour laquelle il a affecté de n’y presque point parler de lui, et de diverses choses auxquelles il a eu une part considérable sous les rois Joachim et Sédécias. Abulensis ajoute qu’il a aussi composé les deux premiers ; quelques-uns le regardent encore comme l’auteur des psaumes XLIV et CXXXVI.


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