Introduction à Nahum
3 chapitres
1. Son auteur et sa date
Nous savons peu de choses de Nahum, le septième des douze petits prophètes, dont le nom signifie « consolation » ou « consolateur ». Même Elkosh, le lieu d’origine du prophète, n’a jamais été situé avec précision. Quelques chercheurs admettent qu’il s’agit du village d’Alkush, placé au bord du Tigre, près de Mossoul ; certains érudits optent pour un lieu en Galilée près de Capernaüm ; d’autres encore pensent à Capernaüm elle-même (Kephar-Nahum : « village de Nahum ») ; enfin, quelques-uns retiennent la possibilité d’un village en Judée, opinion que les Pères de l’église partagent. Cette dernière hypothèse semble la plus plausible. En effet, au temps de Nahum, le royaume des dix tribus, dont la Galilée faisait partie, connaissait déjà la captivité assyrienne; de plus, Nahum s’adresse directement au royaume de Juda (Nahum 2.1b).
Contrairement à la plupart des autres livres prophétiques, celui de Nahum ne comporte aucune indication précise ni même approximative de date. En Nahum 3.8-10, l’anéantissement de No-Amon (Thèbes), la capitale de Haute Égypte, est pourtant mentionné. Celui-ci eut lieu en 663 av.J.C. pendant le règne du roi d’Assyrie Assourbanipal. En 612 av. J.C., la ville de Ninive fut détruite par les Mèdes que commandait Cyaxare et les Babyloniens placés sous les ordres de Nabopolassar. Le temps pendant lequel Nahum exerça son ministère se situe entre ces deux événements.
Nahum n’est mentionné nulle part ailleurs dans la Bible. Toutefois, en Romains 10.15, on trouve : « Combien sont beaux les pieds de ceux qui annoncent la paix, de ceux qui annoncent de bonnes choses ». Ces belles paroles reproduisent en les unissant les expressions très semblables d’Ésaïe 52.7 et Nahum 2.1.
2. Son but
Le jugement sur Ninive constitue le thème de la prophétie de Nahum. C’était également le sujet de Jonas, qui exerça son ministère environ cent cinquante ans avant Nahum. Mais tandis que, dans le livre de Jonas, la miséricorde de l’Éternel triomphe, Nahum annonce uniquement la juste colère de Dieu et la ruine irrévocable de cette ville impie. Le regard de Nahum n’est dirigé que sur cet ennemi du peuple de Dieu ; il est frappant que les péchés d’Israël et de Juda ne soient pas du tout mentionnés. La sainte et juste colère de Dieu est annoncée aux ennemis, alors que des paroles pleines de consolation sont adressées au peuple de Dieu (Nahum 1.12-14). Le chapitre 1, qui ressemble à un psaume, nous montre Dieu dans sa majesté, comme un Dieu jaloux et vengeur ; dans les deux chapitres suivants, la chute et la destruction de Ninive sont prédites d’une manière très détaillée.
Comme la plupart des livres prophétiques, celui de Nahum a également été écrit en hébreu dans la forme poétique ; celle-ci n’a pas été conservée lors de la traduction. Aux versets 2 à 8 du chapitre 1, quelques chercheurs croient pouvoir discerner dans les lettres initiales des vers, qui suivent partiellement l’alphabet hébraïque, la forme de style caractérisée par les acrostiches ; mais d’autres spécialistes en doutent. D’une manière générale, on peut souligner le langage vigoureux et imagé qui a conduit à appeler Nahum un « classique de la poésie hébraïque » (voir à cet égard, l’introduction du livre des Psaumes « La poésie hébraïque »).
3. Ses particularités
Ninive et l’Assyrie
Ninive était la capitale de l’empire assyrien. La ville fut fondée par Nimrod, un homme qui vécut peu après le déluge (Genèse 10.11, 12). Dès le début, une rivalité existait entre l’Assyrie et Babylone. Babylone est l’image de la puissance mondaine parée d’un vêtement religieux. L’Assyrie représente le monde dans son orgueil, sa cruauté et sa glorification de lui-même, un monde qui ne connaît que sa propre importance.
Ninive parvint au faîte de sa grandeur vers 900 av. J.C. Shalmanéser III d’Assyrie vainquit le roi Achab d’Israël dans la bataille de Qarqar aux alentours de 843 av. J.C. Selon une inscription sur l’« obélisque noir » de Shalmanéser, Jéhu lui aurait également été tributaire. Mais l’Ecriture Sainte est silencieuse à cet égard. Vers 800 av. J.C., Jonas fut envoyé à Ninive, pour inviter les habitants de la ville à se détourner de leurs mauvaises voies. En 734 av. J.C., les deux tribus et demie de Ruben, Gad et Manassé, qui s’étaient installées à l’est du Jourdain, furent déportées par Tiglath-Pilézer et, en 722 av. J.C., sous Shalmanéser et Sargon, les assaillants transportèrent tout le royaume du nord d’Israël en Assyrie (2 Rois 17). Les troupes de Sankhérib envahirent le royaume de Juda au temps d’Ézéchias, vers 701 av. J.C., mais le monarque assyrien dut se retirer sans être parvenu à ses fins. Après la mort d’Assourbanipal, qui avait conquis Thèbes en Égypte en 663 av. J.C., la puissance de l’Assyrie et de Ninive déclina très vite. La grande ville fut finalement conquise en 612 av. J.C. par les Mèdes sous Cyaxare et par les Babyloniens emmenés par Nabopolassar, puis complètement détruite. On ne découvrit les ruines de Ninive qu’au cours du siècle passé. Les chercheurs excavèrent d’imposantes constructions, des sculptures et la bibliothèque d’Assourbanipal renfermant plus de vingt mille tablettes d’argile.
Dieu se servit de l’Assyrie comme d’une verge pour châtier son peuple Israël coupable, mais finalement, cet instrument dut lui-même être puni à cause de son orgueil et de sa méchanceté (voir Es. 10.5-19 ; Ezéch. 31.3-17; Soph. 2.13). Certains passages concernant l’Assyrie sont assurément encore futurs. Au temps de la fin, le roi d’Assyrie montera contre Israël et l’Égypte, et il trouvera sa fin en Palestine. Toutefois, il est remarquable que, selon Ésaïe 19. 23-25, le pays d’Assyrie partagera les bénédictions du règne millénaire avec l’Égypte et Israël, mais sans Ninive, sa capitale impie détruite.
4. Analyse succincte de son contenu
I. Nahum 1 : | L’annonce du jugement : Dieu est juste |
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II. Nahum 2 : | L’exécution du jugement : la destruction de Ninive |
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III. Nahum 3 : | La cause du jugement : la faute de Ninive. |
Tiré de « Vue d’ensemble de l’Ancien Testament »,
Arend Remmers, EBLC Chailly-Montreux Suisse.